AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

Partagez
 

 [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 9 Aoû - 9:55


Madame est servie...



Cauchemars. Terreurs nocturnes. Ce genre de choses ne lui était jamais arrivé. Il s'endormait et la maison aurait pu s'écrouler sur lui, il ne se serait pas réveillé. Sauf aujourd'hui. Allez savoir pourquoi. Et quand il passait une mauvaise nuit... Il n'y avait pas cinquante solutions. Il avait l'impression d'avoir à nouveau cinq ans, seul dans la grande maison vide, éveillé au milieu de la nuit, croyant que quelqu'un lui avait volé ses parents. Un rire moqueur lui échappa. On ne lui avait jamais volé ses parents, parce qu'ils n'avaient jamais été à lui. Pas au sens où la grande majorité de l'humanité l'entend, tout du moins.

Il étouffa un cri de souffrance alors que son corps se tordait sur les draps humides de transpiration. La douleur était remontée plus haut. Et il faudrait qu'il rachète de nouveaux draps. Haletant, il regarda le lambeau qui venait de rester emprisonné entre ses doigts. Il avait peur, véritablement, de ce don. De cette malédiction. Il aurait fallu qu'il apprenne à s'en servir à sa guise, mais c'était terrifiant. Cette idée qu'à force, il ne pourrait plus utiliser ses mains. C'était sûrement une affabulation totale, mais il forçait sur les exercices d'assouplissement. Ils lui avaient l'air plus difficiles à réaliser qu'avant. Sûrement une belle connerie. *Ressaisis-toi, il y a des gens qui ont besoin de toi, ici*

Pas des clients, ils ne se bousculaient pas au portillon. Mais Melody, qui vivrait dans une porcherie, qui ne changerait de vêtements qu'une fois tous les six mois quand elle en rachèterait, qui ne verrait plus rien à force de ne pas laver les vitres, et qui s'étoufferait dans la sciure de bois. Et puis Sona. Quoiqu'il était presque persuadé qu'elle s'était trouvé un endroit pour s'amuser et qu'elle ne pensait plus à eux. Et puis il se disait qu'elle était peut-être dans les Terres des Exilés, et là, il avait peur pour elle. Il lisait la gazette aussi régulièrement que possible pour évaluer la politique des Royaumes. Ça ne le changeait pas tant que ça, finalement. Ici ou là-bas. Mais il n'aurait pas supporté d'être sans elles.

Il roula sur le matelas et se leva sans bruit pour ouvrir sa fenêtre. L'aube pointait à peine à l'horizon. De vieux vers d'Homère, appris au lycée, lui remontent en mémoire:

"Malheureux ! Quoique vivants encore, vous êtes descendus dans les sombres demeures de Pluton ! Vous êtes donc deux fois mortels, puisque tous les autres hommes ne meurent qu'une fois ! Maintenant goûtez ces mets, buvez ce vin, et reposez-vous ici tout le jour. Demain au lever de l'Aurore vous voguerez de nouveau sur les flots. Je vous indiquerai votre route et je vous signalerai tous les dangers, afin que, fuyant les écueils, vous n'éprouviez aucun malheur sur la terre ni sur la mer."
[*]

Ainsi avait parlé la Déesse. Étaient-ils, les habitants de Skies Kingdom, comme ces mortels qui mourraient deux fois? Ils étaient morts une fois déjà, sur Terre. Leur existence avait disparu de sa surface, non pas comme les morts le font, mais de façon encore plus absolue. Mais ici, nulle Déesse ne veillerait à ce qu'ils évitent les écueils. Nulle Déesse ne leur permettra de reprendre leur route.

Un soupir lui échappa. Il n'y avait pas des milliers de choses à faire quand il était dans cet état. Il enfila son plus vieux jean, celui qui ne se rendrait pas compte de la différence si son pouvoir faisait des siennes (à part tomber définitivement en lambeaux par terre), et descendit dans l'atelier. Il ne s'y rendait qu'en pleine nuit, quand sa petite sœur dormait, pour faire un ménage discret. Il n'était même pas sûr qu'elle s'en rende compte. Armé de balais, de brosses, de chiffons et de divers produits ménagers, il commença donc son œuvre. La seule qui lui permettait d'oublier, alors qu'il chassait les araignées ou se concentrait pour ne pas déranger la moindre pièce de bois.

Il remonta quelques temps plus tard, fier de lui mais sentant la poussière et le bois, et alla prendre sa douche. Le soleil était levé, Melody ne tarderait plus. Il sortait à peine de l'eau, encore dégoulinant, quand il l'entendit se lever. Il prit tout juste le temps de s'essuyer et fila dans la cuisine, les cheveux gouttant sur le plancher, vêtu uniquement d'une serviette molletonnée. D'un geste expert et mille fois répété, il mit la bouilloire à chauffer, sortit les tasses et le thé (il avait remporté une petite victoire en obtenant qu'ils n'achètent que des feuilles et pas des sachets), le pot de lait, le bacon, les œufs, les champignons, les tomates, la poêle. Il mit le pain à griller, sortit le beurre pour qu'il ramollisse et, enfin, alluma une cigarette, avant de sortir les assiettes et les couverts, dans un joyeux grésillement. L'odeur se propageait lentement dans la maison, et il ne doutait pas que celle-ci ferait sortir la luthière de son antre.

Ce qu'il ne fallait pas faire, parfois...


Note:


Dernière édition par Requiem le Dim 18 Aoû - 16:48, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 9 Aoû - 13:28

Je me lève, je descends l'escalier, d'une humeur merveilleuse. Le petit déjeuner est en pleine préparation, Requiem s'affaire, à moitié à poil comme d'habitude. Il est en train de mélanger ce qui est en train de cuire dans la poêle d'une main ; de son bras libre, il m'attrape et me serre contre lui pour me dire bonjour. Je le serre aussi, avant de m'écarter pour le laisser continuer sa préparation. Je me diriger vers la table au moment où des pas aussi léger qu'un trottinement de souris font grincer l'escalier. Sonatine arrive, illumine la pièce avec son sourire, gazouille un joyeux « Bonjouuuuur ». Elle vient vers moi, je veux la serrer dans mes bras... mais ils se referment sur du vide. Elle est là, mais je ne peux pas la toucher. Elle passe à travers moi comme si elle ne me voyait pas. Je l'appelle, mais elle ne réagit pas. Son sourire disparaît, l'inquiétude se marque sur son visage. Elle m'appelle, elle nous appelle, demande où nous sommes, se dirige vers la porte. Je veux demander de l'aide à Requiem, mais il n'est plus là. Je tourne la tête dans tous les sens, mais je ne le vois nulle part. Sonatine est sortie. Je cours vers la porte pour la rattraper. J'arrive dehors, je vois la route qui s'étend à l'infini. Déserte.

Je me réveille en sursaut. Et merde. Je roule sur le côté, garde les yeux fermés le temps que se dissipent les quelques larmes qui s'y sont glissées pendant mon cauchemar. Je vais quand même pas me mettre à pleurer dès le matin quand même. Une fois l'émotion refoulée, je regarde par la fenêtre. Temps de se lever. Au moins pour une fois j'aurai eu une nuit plutôt calme, j'ai même presque bien dormi. Passage rapide par la salle de bain, où je croise mon reflet inopinément. Ma chérie, tu as une tronche affreuse. Merci mon cœur, autant pour toi. Bref.

Je descends les escaliers, la tête encore dans le gaz. L'odeur du petit déjeuner en train de cuire me remonte le moral. Comme dans mon rêve, Requiem est en train de faire la cuisine. Quoi que moins habillé, dans la réalité il a troqué son pantalon pour une serviette. Peu importe.

- Bonjour toi.

Je vais me serrer contre lui, peut-être un peu plus fort et un peu plus longtemps que d'habitude. À peine. Ça me fait du bien. Son odeur, la chaleur de sa peau, m'aident à retrouver mes marques dans le monde réel. Et son... humidité ? Ah oui, il sort de la douche, j'aurais p'tet dû faire attention à ça. Bof, ça sèchera. Je me détache de lui et m'essuie les mains sur ce qu'il reste de parties sèches à mon pyjama.

- Dis donc, tu pourrais quand même te sécher correctement au lieu d'inonder la cuisine.

Pas franchement que je l'engueule, juste de la taquinerie naturelle entre frangins. Je commence déjà à me sentir mieux. Je reviens vers la poêle, attrape du bout des doigts un morceau de bacon isolé que je gobe sans état d'âme. Je me brûle la langue au passage, mais c'est tellement bon que je m'en fiche.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 9 Aoû - 14:03


Today I don't want to do anything



Étrange. Melody n'a pas l'air en forme. Elle l'a serré dans ses bras un tout petit peu trop longtemps. Non pas qu'il s'en plaindrait. Il en avait besoin aussi ce matin. Le ménage n'avait pas chassé toutes les toiles qui encombraient ses pensées. Il ne répond pas à la remarque sur l'eau qui dévale de sa tête et qui, en définitive, finit par mouiller le bord de la serviette-éponge nouée autour de sa taille. Rien de grave. Embrouille ordinaire. Il aurait eu droit à bien pire si le petit-déj n'avait pas été en train de cuire à son lever. Tyran ordinaire. Journée ordinaire. Rien de grave. Pas besoin de lui parler de la literie à remplacer. Ou de ses angoisses. Elle en a suffisamment gros sur la patate à cause de Sona.

Un claquement de langue lui échappe quand elle pique un morceau de bacon dans la poêle. Elle a dû se brûler la langue. Il lui pose un verre de jus d'orange fraîchement pressé entre les mains, puis lui refile sa cigarette en la lui mettant directement entre les lèvres. De la cendre a failli tomber dans la nourriture et ç'aurait été du plus mauvais effet. D'une main sur la tête, il la fait tourner jusqu'à ce qu'elle soit en face de la table, puis la pousse un tout petit peu. Pas d'incursion dans son domaine le matin. Même quand il était vraiment bien réveillé comme maintenant. Des lambeaux de cauchemar traînaient encore à la lisière de sa conscience. Rien de grave, mais rien de bien non plus.

Il sert les assiettes, les amène à table avec les couverts, puis le pain, le beurre, le thé, le lait. Il n'a probablement rien oublié. Il finir pas s'asseoir. Elle a l'air fatigué. Pensif, il la regard, un coude posé sur la table, le menton dans la main, jusqu'à ce qu'elle commence à manger. De l'autre main, il tambourine un vague tempo, plutôt lent. Il a encore un peu mal. Ça ne présage rien de bon pour la suite de la journée. Il aurait dû faire ses exercices d'assouplissement et oublier le ménage.

Il réfléchit au fait qu'il n'a aucun rendez-vous pour la journée, et peut donc se permettre de prendre, peut-être du repos. Creuser quelques pistes. Il se décide finalement à boire une gorgée de thé. Il est bon, celui-ci, et il n'y en a presque plus. Il y a des courses à faire, le réfrigérateur est presque vide. Avec un soupir, il s'étire comme un gros chat sur sa chaise et bâille. Il se laisse retomber sur le dossier et s'empare de sa fourchette. Il n'a même pas vraiment faim. Il a perdu du poids depuis qu'il est arrivé. Mais, pour changer de sujet, il relève les yeux sur sa sœur et lance, de sa voix grave emplie de certitudes:

"Tu as mal dormi. Sona?"

Quoi d'autre? Un homme? Il espérait que non. Et que oui. Défoncer le nez de quelqu'un l'aiderait peut-être, finalement. Il était sur une nouvelle mauvaise pente. Et la dernière l'avait mené directement... Il effleure son pendentif du bout de l'ongle. Un moment doux-amer de son existence, en quelque sorte. Encore un. Avec un petit sourire d'encouragement, il regard la belle blonde mal réveillée en face de lui et attend, comme d'habitude...

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 9 Aoû - 15:10

Claquement de langue caractéristique. Ça doit être ce qui se rapproche le plus de « me faire engueuler par Requiem ». Enfin, à moins que je fasse vraiment une grosse connerie et qu'il s'inquiète vraiment. Avant d'avoir eu le temps de comprendre ce qu'il m'arrive, je me retrouve avec un verre à la main, la clope au bec, demi-tour à droite et direction la table. Message reçu, je dégage les lieux. La cuisine, le matin, c'est son territoire. Je m'installe, et je fume ma clope en le regardant s'affairer. C'est seulement maintenant que je remarque ses traits tirés, les ombres sous ses yeux. Il n'y a pas que moi qui passe de mauvaises nuit.

Ça fait un peu bizarre de l'avoir là. Des années qu'on se connaît, un temps incalculable qu'on a passé ensemble, mais c'est la première fois qu'on habite sous le même toit. Ça me paraît étrangement... naturel. Et en même temps, j'ai l'impression de le découvrir sous un nouveau jour. Il va pas très fort lui non plus, en ce moment. Et je me demande si c'est depuis qu'on est arrivés, ou si ça date d'avant et que je m'en étais juste pas vraiment rendu compte sur le moment...

Pourtant, à le voir là, assis en face de moi à me regarder, je peux pas m'empêcher de sourire. Du coup, j'ai un temps de retard avant de réaliser que mon petit déjeuner est sous mon nez. Je pose la clope de Requiem sur le cendrier au milieu de la table, sans l'éteindre, et commence à manger. Tout d'un coup, j'ai une faim d'ogre. Je suis en train de bâfrer allègrement quand sa voix m'interrompt. Je reste plantée là, la fourchette à mi-chemin entre l'assiette et ma bouche. Je ne souris plus. La question, qui n'en est pas vraiment une, me prend de court. J'avais espéré que mes états d'âme ne seraient pas si visibles que ça. Mais il me connaît trop bien, évidemment. Après tout, c'est aussi pour ça que je l'aime autant.

Au bout de quelques secondes, je me décide à terminer mon mouvement et enfourne la fourchetée d’œuf. Le regard toujours baissé sur mon assiette, je hoche la tête sans dire un mot. Bien sûr, Sona. Quoi d'autre ? Je relève la tête pour le regarder, en train de tripoter son pendentif. Je remarque au passage qu'il n'a quasiment rien mangé, lui. On reste comme ça plusieurs secondes, les yeux dans les yeux, jusqu'à ce que je brise le silence.

- Toi aussi, t'as mal dormi.

Pas une question non plus. Je m'abstiens aussi de demander pourquoi. Pas sûr qu'il y répondrait, et pas sûr que je le prendrais bien. Je replonge le nez dans mon petit dej'. Je ne sais pas pourquoi mais d'un coup j'ai perdu tout mon bel appétit. Je triture ce qu'il reste dans mon assiette du bout de la fourchette, sans grande conviction. Sans vraiment relever le museau, je fais un mouvement de la tête pour indiquer son assiette.

- Tu devrais manger avant ce que soit froid.

Pour ne pas dire « tu devrais manger tout court », mais je me doute qu'il comprend très bien. Il va quand même pas tourner anorexique en plus ? S'il continue comme ça, je vais finir par devoir le gaver moi-même à l'entonnoir. Comme une oie. Une grosse oie têtue. Qui jouerais de la batterie. À cette idée, je sais pas pourquoi, mais je pouffe de rire. Sûrement les nerfs, et le manque de sommeil accumulé. Il y a trois secondes je tirais limite la gueule, et là j'arrive pu à m'arrêter de rire. Le pauvre Requiem va croire que j'ai viré cinglée. Il aura p'tet pas tort remarque.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 9 Aoû - 15:44


On sèche l'école, aujourd'hui?



Il l'observe toujours alors qu'elle mange comme si c'était son dernier repas sur cette terre. Il reprend la cigarette allumée dans le cendrier et tire dessus. Il boit encore un peu de thé. Il se rend compte que sa main tremble un peu et ses sourcils se froncent, imperceptiblement. Mais il relève bien vite la tête et la voit hocher la sienne. Il laisse son inquiétude pour elle se lire dans son regard brun, celui qu'il n'aime pas, celui qu'il voit dans la glace tous les matins. Et le soir parfois. Quand il n'est pas trop fatigué pour ça.

Mais aujourd'hui, elle a décidé de lui rendre la pareille. Il se contente de lui sourire, retirant du bout des doigts un tout petit morceau de bacon coincé dans ses cheveux bouclés. Il l'observe un moment avec de le manger. Son estomac se serre un peu et il soupire. Il réfléchit trop depuis qu'il est là. Avant tout était facile. Il allait bosser, il allait à la fac, il jouait, il sortait. Pas de stress, pas de question. Il termine la cigarette, l'écrase au fond du cendrier et reprend sa fourchette en soufflant son nuage vers le haut, comme d'habitude.

C'est ça. Il est un monstre d'habitude. Et tout a été chamboulé. Il manque le comique de leur trio. Il manque un peu de lumière dans cette maison. Cela dit, il reste convaincu qu'elle est bien, là où elle est. Quand elle lui dit de manger, il obéit, comme à chaque fois. On ne refuse jamais une faveur à une lady quand on est un vrai gentleman. Même si l’œuf a du mal à passer et qu'il a l'impression que le bacon est en carton. Et puis elle éclate de rire. Il ne s'y attendait pas. Il s'attendait même à tout sauf à ça. Il se demande bien ce qui a pu lui passer par la tête, mais il la regarde quand même. Il a l'impression que ça n'arrive pas souvent ces derniers temps.

Il finit son thé tout en continuant à la regarder, un sourire aux lèvres. Elle a de sacrées sautes d'humeur en ce moment. Il laisse un petit éclat de rire lui échapper. Ce n'est pas tout à fait un rire joyeux. Il effleure à nouveau son pendentif du doigt, déclenchant un petit cliquètement quand les plumes de métal s'entrechoquent. Puis il pose son menton sur ses mains en coupe, soudain sérieux:

"Elle ne sait pas qu'on est là. Elle ne nous cherche pas. Peut-être qu'elle s'en moque de nous avoir abandonnés. Qu'elle n'y pense même pas. Qu'elle s'amuse avec insouciance dans un monde où on n'existe pas, pour elle."

Comme sa mère. La fausse, pas la vraie. La vraie, il ne la connaissait pas. La fausse en revanche, était comme ça. Elle sautait dans le premier avion à la première occasion, sans penser à ceux qu'elle laissait derrière elle. Sans imaginer ce qu'était la vie sans elle. Simplement pour s'amuser. Il baissa la tête, et se couvrit les yeux de ses mains jointes. Il n'entendit plus que le bruit de ses larmes tombant dans son assiette, jusqu'à ce qu'une phrase lui échappe, répétée à l'infini, presque inaudible:

"A nouveau, à nouveau, à nouveau, à nouveau..."

Il n'arrivait pas à s'arrêter...

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 9 Aoû - 16:59

Lui aussi il se met à rire. Pas longtemps, et c'est pas le rire le plus joyeux que j'aie jamais entendu, mais c'est déjà ça. J'ai l'impression que ça fait des siècles que j'avais pu entendu ce son. Paradoxalement, c'est ça qui me tire de mon fou-rire. Encore une fois il effleure son pendentif. Je sais pas pourquoi, mais ça me noue la gorge. Mais pas autant que ce qu'il dit juste après. Une nouvelle fois, je reste figée. J'y ai déjà pensé bien sûr. Surtout la nuit, au cœur de l'insomnie, quand j'ai l'impression de perdre l'espoir de la retrouver. Mais ça ne dure jamais très longtemps. Elle est impulsive, c'est vrai, et bien entendu que je lui en veux de nous avoir laissé tomber comme elle l'a fait. Mais je suis sure qu'on lui manque. Elle a pas réfléchi, c'est tout. Parce qu'elle est comme ça. Mais on compte pour elle, évidemment. Je le sais. C'est ma p'tite sœur, je la connais depuis toujours, je peux pas me tromper là-dessus.

Mais tout ça, j'ai pas le temps de le dire à Requiem. Parce que tout d'un coup, il craque. Le visage caché dans ses mains, il se met à pleurer. C'est tellement incongru que reste sans réagir pendant quelques secondes. Requiem, c'est l'impassible du groupe, celui qui se laisse pas déborder par l'émotion. Le roc, l'homme grand et fort, le protecteur. Même si j'ai toujours su que c'était pas vrai, j'ai fini par m'habituer à cette image qu'il veut donner. Et soudainement, je revois devant moi le gamin seul et triste avec qui j'avais partagé mon goûter, il y a tant d'années de ça.

Finalement, mon cerveau se remet en marche. Ou plutôt mon instinct, parce qu'on peut pas dire que je réfléchisse vraiment sur le moment. Je pousse ce qu'il y a sur la table, sans faire gaffe mais par chance sans rien ficher par terre, et je grimpe dessus pour passer de l'autre côté. Je laisse pendre mes jambes au bord et je m'assois tout près de Requiem, que je prends dans mes bras. Je le serre de toute mes forces. C'est seulement à ce moment là que je réalise qu'il dit un truc. Encore et encore, toujours la même chose.

Je comprends, intuitivement. Parce que même s'il a jamais vraiment parlé de ses parents, il y a des choses qui se devinent, surtout un manque d'amour grand comme ça. Je sais pas comment j'ai pas vu venir sa réaction. Je m'en veux de ne pas l'avoir compris plus tôt, et j'en veux à Sonatine de lui faire si mal. Ça me fait mal de le voir dans cet état, je me sens au bord des larmes moi aussi. Mais c'est pas le moment de m'y mettre aussi, il a besoin que je sois là pour lui, que je sois forte.

Je me balance d'avant en arrière, doucement, comme pour le bercer, et je commence à fredonner. Un air inconnu, qui n'appartient qu'à nous. Un air que je lui ai déjà fredonné quand, une autre fois, la seule autre fois, il s'est retrouvé à pleurer dans mes bras. C'est un air de violon normalement, que j'avais fait pour lui il y a des années, en disant que c'était ça qu'il m'évoquait. Une musique qui lui raconte qu'il n'est pas tout seul, qu'il ne le sera jamais, qu'il y aura toujours quelque part un violon qui chantera pour lui.

On reste comme ça plusieurs minutes, ma tête posée sur la sienne, mes bras autour de lui. Quand je sens qu'il commence à se calmer, j'arrête de chanter.

- Bien sûr qu'elle pense à nous. Elle réfléchit pas à ce qu'elle fait, c'est tout, tu sais bien comme elle est. Mais elle a besoin de nous elle aussi, tu sais comme elle est perdue dès qu'on la laisse toute seule.

Je m'éloigne un peu, à peine, juste ce qu'il faut. Je garde un bras autour de lui et, de mon autre main, je le force à relever la tête pour me regarder dans les yeux.

- Mais toi, t'es pas tout seul. Jamais. Quoi qu'il arrive, je suis près de toi. Je serai toujours là. Je te le promets.

C'est pas vraiment mon genre, de faire des promesses. C'est peut-être bien la première que je fais, tiens. Mais celle-là, j'y crois. Je crois que je n'ai jamais été aussi sérieuse de toute ma vie. Je veux qu'il le comprenne, qu'il y croie aussi. Qu'il l'entende dans ma voix et qu'il le lise dans mes yeux. Je retournerais ce monde en entier et l'autre avec s'il le fallait, pour tenir cette promesse.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeSam 10 Aoû - 18:08


“I am a mess, I’ve made a huge mess”


Le vide. Toujours plus grand dans son cœur. Il ne sent que ça. Il ne sait pas vraiment que penser des conclusions qu’il a tirées. Tout ce qu’il sait, à cet instant précis, c’est qu’il a mal. Il sait qu’ils ont été abandonnés, tous les deux. Ce n’est pas une question de savoir s’ils lui manquent ou pas. Elle a fait son choix le jour où elle était partie sans un regard en arrière. C’est le problème. Il sait qu’il a du mal à faire confiance, que peu sont ceux qui sont parvenus à franchir ses barrières d’idiotie, de mauvaises blagues, ou de sérieux sournois qu’il affiche au travail. Il peut les compter sur les doigts d’une main. Melody, qui est encore là, même aujourd’hui. Sonatine, qui est là sans être là. Sidney, qui n’est plus d’aucun monde, que ce soit celui-ci, ou celui d’avant. Parce que la mort a décidé qu’ils ne seraient pas destinés à être ensemble. Leur couple avait été long à se mettre en place. Comme d’habitude, il avait trop réfléchi avant de s’engager. Et quand il s’était enfin rendu compte de l’importance que cette existence avait revêtue pour lui, elle s’était évaporée, sous les coups malhabiles d’un voleur à la petite semaine, armé d’un revolver dont il ne savait pas se servir. Il n’avait suffit que d’une balle.

Mais Requiem aimait trop fort. Il dépendait maladivement. Et la trahison était pire qu’un coup dur. L’abandonner signifiait tourner la page sur leur relation. Et la cadette, dans son insouciance, avait commis ce péché entre tous. La confiance était difficile à obtenir, mais elle était plus complexe encore à rebâtir quand elle avait été brisée et piétinée. Bien sûr, il la chercherait, pour celle qui restait désormais à ses côtés. Mais rien ne serait plus comme avant, comme un chient battu qui redoute les coups à venir. Et c’est sur cette perte, plus que sur cette trahison, qu’il pleure à cet instant.

Il sent alors des bras autour de lui, un doux mouvement de balancier, un fredonnement léger, celui d’une mélodie, de SA mélodie, de sa Melody. Il enfouit le visage contre son cou et entour son corps mince entre ses bras. Elle a une odeur rassurante, celle de d’habitude, celle de la Cave. Cigarette, bois, et une subtile note qui n’appartient qu’à elle. Qu’il aime. Il l’écoute à peine, mais doucement, ses sanglots s’apaisent, ses épaules se détendent. Il garde les yeux fermés avec l’espoir enfantin que ce n’est qu’un mauvais rêve. Mais ses mots ravivent la douleur. La petite est vraiment partie. Il ne dit rien, mais il n’y croit plus. Puis il la sent qui lui relève le menton et il rouvre les yeux, fixant ces prunelles qu’il connaît par cœur. Il la regarde avec sérieux. Il enregistre sa promesse, son serment. Ça ne lui ressemble pas, c’est étrange. Et pourtant il y croit. Il veut y croire. Alors il dégage son menton, met sa main en coupe autour de sa joue et s’avance, lui plantant un baiser sur la pommette.

Il a pris sa décision. Il n’a plus qu’elle. Il le sait maintenant. Mais il ne peut pas l’étouffer. Elle aussi a une vie à vivre. Une qui sera loin de lui, une qui sera avec un autre homme. Un qui la fera sourire, qui la fera pleurer, avec qui elle décidera d’avoir des enfants, ou pas. Il ne peut pas toujours vivre à ses crochets, même si son cœur en lambeaux ne demanderait pas mieux. Alors quand il se réinstalle sur sa chaise, les mains nonchalamment posées sur ses hanches (à travers ces habits lâches qu’elle se plaît à revêtir), il sourit. Certes, ce n’est pas éclatant, mais ses yeux encore brillants sont désormais calmes et un peu plissés. Puis il lui dit, la voix encore un peu tremblante et rauque :

« On va déjeuner dehors. Je t’invite. On en profitera pour se promener un peu, ça te dit ? »

C’est un peu sournois, une fois encore, mais il sait déjà qu’elle ne dira pas non. Pas après l’avoir vu dans cet état. Il ne refuse rien aux femmes, de façon générale, mais il aurait été dommage de ne pas profiter d’une opportunité. Il resserre un peu son étreinte puis se lève, toujours un sourire aux lèvres. Qui se fige, cependant, quand il se rend compte que sa serviette n’avait pas daigné suivre le mouvement. Il tente de rester digne en la rattachant autour de ses hanches mais ne peut s’empêcher de rire sous cape. Si ce n’était pas faire retomber la tension dramatique, ça y ressemblait fort.

De sa démarche habituelle, souple et indolente, il pénètre dans sa chambre. Aucun miroir dans celle-ci, mais il sait à quoi il ressemble. Il revêt un pantalon de costume noir, une chemise indigo dont il retrousse les manches, un gilet. Pas la veste, le temps est trop doux. Ses chaussures cirées, indémodables. Puis, par esprit de contradiction, ses piercings. Enfin, un petite montre-gousset qu’il glisse dans sa poche. L’air sévère, il plie et déplie les doigts. Il ne tremble plus. Ça ira certainement pour aujourd’hui. Il passe la bandoulière de son étui à guitare sur son épaule puis retourne dans le salon, en prenant au passage un borsalino qu’il chausse avec un sourire insolent.

Il se sent mieux. Il a revêtu son armure habituelle, désinvolte et blagueuse. Tout ira bien pour aujourd’hui. Il a envie d’y croire. Laisse à voir ce que la jeune femme lui réserve…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeSam 10 Aoû - 21:04

La crise est passée. Je ne m'attends pas à ce que quelques mots et une chanson suffisent à recoller les morceaux, mais il me sourit et ça me suffit. Pour le moment. Il me fait une drôle d'impression ce sourire, pourtant, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Je dois me faire des idées. Trop d'émotions dès le matin, c'est pas bon pour moi. Je lui rend un sourire sûrement aussi hésitant que le sien, et il m'invite à sortir. Pourquoi pas après tout ? Ça aidera sûrement à nous changer les idées après tout ça. Je hoche la tête, de façon un tout petit peu plus enthousiaste que je que ressens réellement.

- Ça me paraît un bon plan.

Il se laisse, sans la serviette qui le couvrait. Je laisse échapper un petit rire, à peine forcé. Entre moi qui détourne les yeux instinctivement, et lui qui se "rhabille", ça ne laisse guère qu'une seconde, mais ça suffit à mon regard. Sur sa hanche, un tatouage. Deux mots. Deux noms. Nos noms. Je ne crois pas qu'il ait remarqué, en tout cas il n'en montre rien. Sur le coup j'en reste comme deux ronds de flancs, tellement surprise que je ne sais même pas comment réagir. Et puis je me secoue un peu. Je ferais bien de m'activer si je ne veux pas qu'il me retrouve là dans l'état où il m'a laissée. Je démêlerai mes sentiments plus tard.

Dans ma chambre, je reste un moment plantée devant mon placard. Le bon côté, c'est que je croule pas sous les vêtements. Le shopping et tout ça, c'est pas vraiment mon genre : il a limite fallu que Requiem me traîne dans les magasins pour refaire ma garde-robe, quand on est arrivés. D'un coup, je me souviens que la vendeuse m'avait refilé d'autorité un "ensemble-jupe-chemisier-léger-idéal-pour-ce-temps-et-ca-vous-ira-à-ravir-il-faut-vous-mettre-en-valeur-un-peu", je me dis que ce serait l'occasion de le mettre. Parce que si je le mets pas maintenant, j'avoue que je vois pas bien quand. Ça va avec les New Rocks ce truc, ouais ? Ouais. Elle avait forcément vu mes godasses, elle me l'aurait pas filé si ça allait pas avec. Zou.

Pendant que je me change, j'arrive pas à empêcher mon esprit de tourner en rond. Évidemment, j'ai toujours su qu'on comptait pour lui. On est sa famille. Autant que je sache, on pourrait aussi bien être sa seule famille. Mais quand même, j'ai l'impression d'être passé à côté de quelque chose pendant toutes ces années, d'avoir sous-estimé l'importance qu'on avait pour lui. Et pourquoi il m'en  a jamais parlé ? Enfin, à nous. Je me rends compte subitement que j'ai les poings crispés à me faire blanchir les phalanges. Si je continue comme ça je vais déchirer mon chemisier-machin-truc-tout-neuf. Pendant un moment, je me demande ce qu'il m'arrive, et puis je finis par comprendre.

L'espace d'un instant, la colère a pris le pas sur l'inquiétude. Je comprends que si c'était pas ma petite sœur, j'envisagerais très sérieusement de lui faire cracher ses dents, même si je suis pas une bagarreuse dans l'âme. Qu'elle m'ait laissé tomber, moi, je m'en fiche. Enfin non, évidemment, mais je peux le pardonner. Mais je réalise soudainement que je n'arriverai sans doute pas à la pardonner de l'avoir laisser tomber lui.

J'entends Requiem sortir de sa chambre, ça me sort de mes penser. Faudrait p'tet que je me bouge si je veux pas le faire attendre ! Je fini de m'habiller en quatrième vitesse, j'attrape mon étui à violon et je me mets en route. Je me sens un peu ridicule dans mon attirail, mais bon c'est pas comme s'il m'avait jamais vu en jupe. Et puis j'ai toujours l'air moins cruche que dans mon uniforme de lycée. Du coup je me dis que quitte à être "en fille", autant jouer le jeu jusqu'au bout. Arrivée en bas des escaliers, où il est en train de m'attendre, je lui fais mon plus beau sourire, lui vole son chapeau que je plante sur ma tête et tourne sur moi-même en mode princesse qui se fait admirer.

- Alors, où m'invitez-vous en cette belle matinée, Sir Gentleman ?

Lui aussi a sorti ses plus beaux atours, où qu'il ait prévu de m'emmener je me dis qu'au moins je détonerai pas.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeDim 11 Aoû - 17:12


“You’re waking up a part of me I’ve never known, and I’ve never felt so invincible”


Quand il sort de sa chambre, elle n’est pas là. Il descend les escaliers, surpris, puis réajuste sa guitare. Elle ne lui scie pas l’épaule, bien entendu, mais la bretelle avait tourné. Il passe devant un miroir, se détourne rapidement, comme d’habitude. Il n’a jamais aimé son reflet. En tous cas, plus depuis qu’il s’est rendu compte qu’il était différent. Sid l’avait un peu aidé pour ça mais… Il fallait qu’il arrête d’y penser. Quoique. Peut-être qu’il lui en parlerait. Qu’il lui raconterait toute l’histoire cette fois, pas les morceaux choisis les plus glorieux. Il n’avait pas voulu que la morale entache cette histoire, mais lui-même avait suffisamment traîné la patte pour ça.

Le peu qu’il a vu, cependant, lui a appris qu’il a oublié de mettre sa cravate. Ca ne lui arrive jamais, d’ordinaire, un tel oubli. Mais pour une fois, il s’autorise un peu d’indulgence. La journée est loin d’être la meilleure de son existence. Alors il défait les premiers boutons de sa chemise, laissant sa peau à peine bronzée apparaître en un triangle appétissant. Il s’envoie des fleurs, il le sait, mais qui d’autre le ferait ? Certainement pas Melody. C’est déjà un miracle qu’elle arrive à avoir des vêtements coordonnés. D’un autre côté, elle ne met que du noir, alors ce n’est pas si difficile… D’ailleurs, en parlant du loup, la voilà qui descend les escaliers telle la princesse qui s’ignore qu’elle est, en réalité. Il sourit en songeant qu’il ne le lui dirait pas. Il tient trop à certaines parties de son anatomie qu’il a honteusement exposées un peu plus tôt.

Il admire le chemisier ajusté, qui lui va comme un gant et qui, pour une fois, la met en valeur. Puis la jupe asymétrique. Et enfin les chaussures. Et là, il retient à grand-peine une furieuse envie de se frapper le front, puis d’exploser de rire. En même temps, c’est ce qui lui va si bien. Ce style décalé, cette touche désinvolte, ce… mélange des genres ? Il cherche un terme approprié alors qu’elle lui retire son chapeau et le chausse en souriant. Il le lui rend, beaucoup plus tendre, puis fait semblant de la dévisager de la tête aux pieds, comme dans Pretty Woman. Il lui répond alors avec un clin d’œil :

« Finalement, je ne sais pas si on va sortir… On risquerait de t’enlever, tant tu es charmante. Et je ne tiens pas à courir le risque. »

Il se baisse, récupère son chapeau et lui plante un baiser dans les cheveux, avant de lui tendre son bras, comme le gentleman qu’il est effectivement, puis de répondre :

“Je songeais à un piquenique champêtre, puisque nous avons tous deux pris nos instruments. On pourrait aller sur le marché prendre de quoi déjeuner, et aller s’installer du côté du lac. La vue est splendide, et on ne sera pas embêtés. Sauf si tu souhaites te rendre dans un restaurant ? Il y en a un très bien plus haute, proche du Château. Ils ont de merveilleux desserts, si ma mémoire est bonne…"

Bien entendu, c’est lui qui l’a invitée, mais il n’arrive pas à choisir. Il ne veut pas lui imposer sa décision. Même pas celle-ci. Il préfèrerait le Lac. Il s’est presque décidé à lui parler. Il serait dommage qu’il s’en sente empêché. Mais au fond, peut-être n’en a-t-elle pas envie… Avec un sourire chaleureux, il attend sa décision. S’ils n’avaient pas tous deux eu des cernes, et lui les yeux un peu rouges, cette scène aurait pu être banale, se dérouler dans n’importe lequel des deux mondes. Perspective intéressante qui le laisse un peu perplexe, cependant. Finalement, que préfère-t-il ? Il chasse la question en allumant une cigarette. Elle ne se pose pas, en réalité. Il a eu une famille de sang, qu’il a reniée. Il a une famille de cœur, qu’il a suivie. Il a eu une famille potentielle, qu’il a anéantie avant qu’elle ait le temps d’exister. Il ne pouvait pas s’appesantir sur chaque décision qu’il prenait. Sinon, il n’évoluerait jamais et resterait le spectre rongé d’incertitudes que son père avait voulu faire de lui. Et ça, il ne le permettrait pas…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeDim 11 Aoû - 18:46

À voir sa réaction, l'effort vestimentaire valait le coup. Même s'il fait une tête bizarre quand son regard arrive à mes bottes ferrées. Quoi, elles sont pas bien mes chaussures ? De toute façon c'est pas comme si j'en avais d'autres. Peu importe. Son sourire me fait chaud au cœur. C'est dans des moments comme ça que je me sens chez moi. Peu importe où je suis, tant que ceux que j'aime sont là et me sourient. Bien sûr il en manque une au tableau... Mais c'est pas le moment d'y penser. Je réponds à son compliment par un de ces sourires en coin dont j'ai le secret, et je désigne mes chaussures dans une semi-révérence.

- Encore faudrait-il que je me laisse enlever. J'crois pas que quelqu'un s'y risquerait.

Et puis tu es là pour me protéger. Mais ça, pas besoin de le dire. Il récupère son chapeau – dommage, je suis sure qu'il m'allait à merveille – et me tend le bras. J'y appuie ma main, en arrivant presque à avoir l'air d'une lady. Je retiens (mal) un sourire amusé en écoutant ses propositions. Même quand c'est lui qui invite, il est incapable d'imposer quoi que ce soit. Mais après tout ça fait partie de son charme. Et même s'il fait plusieurs propositions, il y en a une qu'il a l'air de clairement préférer, alors le choix est vite fait.

- Va pour le lac. Ça fait une éternité que j'ai pas fait de pique-nique.

Finalement, la jupe était peut-être pas une si bonne idée que ça. Bah, j'arriverai bien à me débrouiller. J'allume une cigarette, et nous voilà partis pour le marché. C'est rigolo de voir à quel point c'est différent des marchés de chez nous, et en même temps tellement semblable. Pendant un moment, je me sens bien. J'oublie tous nos soucis, je me contente de profiter de l'instant présent, accrochée au bras de Requiem, à partager une clope avec lui en fouinant dans les étals. Il nous faut guère de temps pour trouver notre bonheur – même si bien sûr c'est principalement moi qui choisis ce qu'on va acheter. Une tarte à la viande comme celles de chez nous, un croisement étrange entre un pain et un cake mais drôlement appétissant, un paquet de viennoiseries, et même du pudding !

Je me rends compte que ça fait un peu beaucoup, surtout qu'on avait déjà commencé le déjeuner, mais tout à l'air si bon que je n'arrive pas à résister. Et bien sur Requiem ne me refuse rien. Bah, ce sera pas perdu, au pire des cas les restes m'éviteront de faire la cuisine pour un prochain repas. Du coup, plutôt que de se surcharger, je décide de faire aussi l’acquisition d'un petit panier pour mettre tout ça. C'est quand même plus agréable pour marcher jusqu'au lac.

Sur le chemin on ne dit pas grand-chose, sans que ce soit un silence lourd ou pesant. Requiem a l'air plongé dans ses pensées, et j'ai pas envie de m'immiscer. Alors je me contente de marcher en lui tenant le bras, la tête appuyée sur son épaule. On arrive près du lac assez rapidement, il n'y a pas beaucoup de monde. Sûrement parce qu'il est encore assez tôt. On se trouve un coin tranquille, et on s'installe. Comme j'ai pas la moindre idée de comment une Lady est censée se tenir quand elle s’assoit dans l'herbe, je me contente de me mettre en tailleur, comme j'en ai l'habitude. Coup de chance, la jupe est assez longue pour que ma posture ne soit pas indécente.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeLun 12 Aoû - 7:11


It wouldn’t be so bad if time stopped, would it?


Elle n’a pas répondu, mais il lit dans ses yeux qu’elle a choisi. C’est peut-être quelque chose comme la télépathie des jumeaux. A l’exception qu’ils ne le sont pas, bien entendu. Il est plus âgé. Et surtout, il n’est pas de leur famille. Au départ il n’y avait pas songé, aux débuts de leur histoire. Et puis lorsqu’étaient arrivées les fêtes, il avait fini par comprendre que dans certaines circonstances, la famille se sang primait. C’était un peu pour se venger de ça qu’il avait voulu les faire siennes en les emprisonnant dans sa chair. Ca n’avait pas tout à fait fonctionné non plus… Et ce n’était pas tout à fait l’unique raison.

Un sourire lui échappe alors qu’ils passent la porte, son bras au creux du sien. Il ne doute pas que Melody l’a vu, ce tatouage. Et pourtant elle n’en a pas fait mention. Il a pourtant l’impression que c’est la première fois. Il a toujours fait très attention. Mais soit, si elle posait la question, il lui répondrait peut-être la vérité pleine et entière. Parfois il se rend compte qu’être avocat lui a donné une notion très élastique de ladite vérité. Il en éprouve plus de regrets que de remords. Il la suit au marché, porte leurs achats sans rechigner, paie sans sourciller, comme d’habitude, d’ailleurs. Il trouve tout de même qu’il y a vraiment beaucoup à manger, d’autant qu’il n’a plus très faim et que la luthière a déjà mangé. Cependant, il la laisse flâner. Elle a acheté de la nourriture assez typique pour lui arracher un nouveau sourire. On ne se refait pas, on est Anglais ou on ne l’est pas, apparemment.

Une fois leur panier plein, ils se rendent au lac. C’est la première fois qu’il s’y rend depuis qu’ils sont arrivés ici. Les rares dossiers ajoutés aux recherches ne lui laissent guère de temps pour des promenades de santé. Il regarde Melody s’installer avec une pointe de consternation. Elle a beau être une lady dans son cœur, il y a encore du travail sur l’attitude. Il rit sous cape avant de l’aider à installer la nourriture. Puis ils mangent, leur instrument posé à leur côté. Ils ne parlent pas, c’est assez reposant. Ca lui permet de réfléchir.

Il hésite encore à parler de beaucoup de choses. De ses parents, notamment. Elle doit se demander ce qui lui a pris. Se douter de certaines choses. Mais il vaut mieux qu’elle sache. D’un autre côté, même si Sona l’avait su, cela ne l’aurait pas empêchée de partir. Mais Melody est différente. Elle est fière et tient ses promesses. Et elle est têtue comme une moule accrochée à son rocher. Et il n’a pas envie qu’elle imagine le pire. En même temps, il ne veut pas de sa pitié. Peut-être devrait-il simplement lui raconter la raison exacte pour laquelle il s’était retrouvé assis sur un pont, en pleine nuit, sans chaussures et sans chemise, en regardant la Tamise d’un air un peu trop familier. Mais cela signifierait parler de Sidney. Pas certain qu’il soit prêt pour ça.

Assis en tailleur sur l’herbe, il contemple le ciel et le lac au loin. L’air est beaucoup plus respirable que sur leur terre natale. Juste suffisamment pour qu’il soit agréable et qu’il ne se sente pas tout à fait coupable de l’enfumer avec ses cigarettes. Il sort ensuite sa guitare et entame les premières notes de Yes & No de Venus Hum. Comme un appel.

Something has to come out.
Is it words? Is it not?
Must it come from my mouth?

Is it pen?
Is it blood?
Is it ink?
Must it be what I think?

It's my guts,
It's my all that I am.
I can tell one more story
For score and then and then,
Once upon an old time,
And then do it again,
And then do it again.


Sa voix grave s’élève dans l’air, sa cigarette oubliée dans son cendrier improvise. Elle comprendra, peut-être, qu’il a besoin qu’elle commence, simplement. Ou qu’elle pose les bonnes questions. Pour l’instant il ne sait plus, il se perd dans la musique, dans les sons, dans le rythme qu’il sent pulser dans sa tête, dans son cœur, au bout de ses doigts.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeLun 12 Aoû - 18:03

On mange, ou plutôt on grignote pour la forme. Effectivement, il y aura des restes. Pas grave. Je me contente de savourer ces goûts qui me rappellent la maison. Il a toujours l'air perdu dans ses pensées, et moi je n'ose toujours pas essayer d'y mettre mon nez. J'ai l'impression qu'il a quelque chose à dire, mais j'ai peur de me tromper. Si j'ai raison, il saura me le faire comprendre. Alors pour le moment, je me plonge dans mes souvenirs. Je me souviens de mon dernier pique-nique.

Je sais pu combien de temps ça fait, mais déjà quelques années. Quand on s'entendait encore à peu près, les parents et moi. C'était une idée de So' je crois. Justement pour essayer de nous rapprocher quand je commençais à m'éloigner de la "famille". On peut pas dire que ça ait vraiment marché, mais c'était plutôt une bonne idée. En tout cas j'en garde un bon souvenir. J'avais fait l'effort d'accepter de sortir, ils avaient fait l'effort d'accepter que j'invite Requiem. J'ai toujours été persuadée que Sonatine était intervenue auprès d'eux pour les convaincre, même si elle me l'a jamais dit. Ça leur paraissait bizarre de l'inviter pour une "sortie en famille". Moi ça m'aurait paru bizarre qu'il soit pas là. Pas sure qu'ils aient jamais compris, mais ils ont accepté.

Après manger, il se met à jouer de la gratte. Pour une fois, au lieu de prendre mon violon pour l'accompagner, j'ai envie de l'écouter. Je m'allonge dans l'herbe, et je ferme les yeux. Je reconnais la chanson, bien entendu. Quand je disais qu'il saurait se faire comprendre, pour un signe on a rarement fait plus clair. J'attrape la cigarette qu'il a abandonnée sans rouvrir les yeux, concentrée sur sa voix grave, un peu rauque. J'aime bien l'entendre chanter, même si ça ne lui arrive pas très souvent. Disons pas assez souvent à mon goût.

J'attends quelques secondes après qu'il ait fini avant de daigner rouvrir les yeux. Je le regarde, l'air à l'envers, et lui fais une manière de sourire. Je sais pas de quoi il veut me parler, mais il a besoin d'un coup de main. Soit. Confidence pour confidence. C'est pas plus mal, j'ai l'impression que le moment est bien choisi pour ce que j'ai envie de lui raconter. C'est drôle d'ailleurs que je lui en aie jamais parlé. Simple manque d'occasion peut-être. Ou peur qu'il trouve ça idiot. Ou alors tout bêtement que le moment, c'est maintenant et pas avant. Je passe un bras sous ma tête, ce qui la relève juste assez pour rompre le contact visuel entre nous. C'est pas plus mal je trouve. Je laisse mon regard se perdre dans l'immensité du ciel au-dessus de moi. Quand je me mets à parler, j'entends que ma voix a l'air un peu lointaine, un peu comme si je me parlais à moi-même. C'est presque la même chose, d'ailleurs.

- Tu savais que c'a pas toujours été l'amour fou entre Sona et moi ? On était petits à l'époque, et on se racontait pas encore tout, alors je t'en avais pas parlé. Mais quand elle est née, je pouvais pas l'encadrer. Et ça a bien duré jusqu'à ses... 4-5 ans je dirais ? J'aimais déjà pas les filles à l'époque, je les trouvais cruches et chiantes. Grosse surprise, je sais. Du coup avoir une petite sœur, ça m'intéressait pas. Moi j'voulais un frangin. Alors je faisais comme si elle existait pas. Quand elle était bébé, c'était facile, surtout que j'étais trop petite pour être censée m'occuper d'elle. Après elle a commencé à grandir, et mes parents insistaient pour que je joue avec elle. Moi j'arrêtais pas de leur dire que j'avais pas envie, et qu'elle voulait que jouer aux poupées et qu'elle était trop nulle... Je crois pas qu'elle s'en souvienne maintenant, elle était vraiment petite, mais j'étais vraiment vache avec elle, et ça la rendait triste. Mais je m'en fichais. Et puis ça a fini par aller mieux. Mais ça m'a pris du temps. Il aura fallu que je me rende compte que j'avais déjà un grand frère, pour finir par trouver qu'une petite sœur c'était finalement pas si mal.

Le temps de raconter tout ça, j'ai fini la clope de Requiem et j'en ai rallumé une, que j'ai presque finie. Les yeux toujours rivés au ciel, je prends le temps de savourer les trois dernières lattes et de l'éteindre, avant d'oser me retourner vers lui pour découvrir sa réaction.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 16 Aoû - 8:05

Il ne le voit pas, mais il sait qu'elle écoute. Et quand il finit par reposer sa guitare dans son giron, il comprend qu'elle comprend. A cet instant il se sent chanceux d'avoir quelqu'un comme elle. Ce sentiment dépasse ce malaise dans lequel il baigne depuis le matin. Et puis il la regarde lui sourire à l'envers et, parce qu'il a toujours trouvé ça vraiment bizarre et dérangeant, il éclate de rire. Il n'y peut rien, mais voir cette bouche dans le mauvais sens alors que son pauvre cerveau essaie de le remettre à l'endroit malgré la configuration lui a toujours semblé hilarant.

Puis elle rompt le contact et commence à parler. Étonnant. Elle a compris bien plus qu'il ne le pensait. Comme d'habitude, elle l'a surpris. De la bonne façon. Puis il réfléchit à ce qu'elle lui dit. Il a l'impression qu'il y a autre chose derrière. Une autre histoire à raconter. Mais... confidence pour confidence, c'est ça? Elle termine sa cigarette et il lui ébouriffe les cheveux en souriant. Au moins, maintenant, il arrive à voir ses yeux. Ils sont magnifiques, c'est dommage que bien peu s'en rendent compte.

Il repose sa guitare et s'allonge à son tour, sa tête à côté de celle de Melody, les pieds à l'opposé, mais bien plus loin. Il allume une cigarette qu'il laisse se consumer doucement entre ses doigts. L'odeur aide un peu, peut-être. Puis il commence à parler, tout d'abord de quelque chose qui n'a rien à voir. Et ensuite... Oui, aujourd'hui paraît être une bonne journée pour parler de lui. Un sourire effleure ses lèvres quand il ouvre enfin la bouche:

"Tu te souviens du jour où tu m'as invité à venir pique-niquer avec ta famille? C'était une journée étrange pour moi. La première fois que je prenais un vrai repas avec une vraie famille. Qui était la mienne sans être la mienne. Qui l'était parce que vous étiez là, Sona et toi. Et qui ne l'était pas parce que j'avais l'impression de passer à l'inspection à chaque fois que ta mère me regardait."

Un petit rire lui échappe. Heureusement qu'il a toujours été un garçon bien élevé. Finalement, son père n'aura pas été entièrement inutile. C'est à la suite de cette journée que la volonté de les graver dans sa chair était née. Parce qu'à cet instant, il avait compris qu'elles avaient une famille en-dehors de lui. Une famille de sang. Il effleure sa hanche du bout des doigts. Il repousse cette idée et recommence à lui poser des questions. C'est plus facile comme ça. Rhétoriques, elles le sont, bien entendu, mais ça lui permet de sortir ça plus facilement. Il recommence à jouer avec son pendentif, qu'il a dû tirer de l'encolure de sa chemise.

"Je t'ai parlé de Sidney, n'est-ce pas? Ça ne t'a jamais paru étrange? Je veux dire, ce n'est pas comme s'il y avait des centaines de femmes à Scotland Yard et puis... Ils en auraient parlé aux informations. Je n'ai jamais... osé t'en parler. J'ai tourné autour du pot. J'ai essayé. Un millier de fois, peut-être. Mais ça m'avait pris tellement longtemps à moi, déjà, d'accepter que... d'accepter ce qu'on était. Si je croyais plus en Dieu, je dirais que j'ai été puni pour ça. Mais tout ce dont je veux me souvenir c'est que Sidney était un homme merveilleux. Et que je l'aimais. Vraiment."

Il garde le silence quelques instants. Une vieille conversation lui revient en mémoire. Une question qu'elle lui avait posé quand ils étaient petits. Il devait avoir neuf ou dix ans. Il sourit à cette pensée et se tourne finalement vers elle avant de souffler:

"Tu m'aimes toujours, même si je suis bizarre?"

Il avait quand même eu du mal à poser cette question avec le sourire. Il avait tellement peur. Que ferait-il s'il voyait dans ses yeux le dégoût ou l'horreur? Il ne savait pas. Il ne voulait pas y penser...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 16 Aoû - 14:11

J'aime bien sentir sa main dans mes cheveux. Je sais pas pourquoi j'ai toujours aimé ça. Mais que si c'est lui. Personne d'autre n'a le droit. Son petit privilège personnel. Je ne sais même pas s'il le sait, tiens. Ça pourrait faire partie des confidences de la journée. Peut-être. Plus tard. C'est pas vraiment important. Et puis pour le moment, c'est son tour. Son tour de s'installer, son tour de fumer, son tour de parler. Pour me raconter une histoire que je connais déjà, d'abord.

Je souris, vaguement, un peu tristement sans doute. Je la connais bien, cette impression dont il parle. Ce regard, un peu inquisiteur, un peu juge. J'ai envie de lui dire qu'il se trompe. Que pour ma mère, ça ne voulait pas dire qu'il ne faisait pas partie de la famille. Au contraire presque. Les autres, les gens, ils ne l'intéressaient pas. C'est seulement pour ceux dont elle avait la responsabilité, ou dont elle pensait l'avoir, qu'elle prenait ce regard. Qu'elle s'assurait qu'on se comporte correctement. Convenablement.

Mais à quoi bon ? Tout ça est derrière nous de toute façon, et j'ai pas envie de penser à elle. Et surtout, c'est pas de ça qu'il veut me parler. C'est autre chose qu'il a à me raconter. Alors je me tais et j'attends. Je le laisse venir à son rythme. Et puis il se lance. Il me parle de Sidney. Je crois que c'est la première fois depuis que je l'ai vu pleurer sa mort. Il tourne un peu autour de pot, pose des questions rhétoriques. C'est vrai qu'à l'époque, je m'étais posé la question. Ca me paraissait un peu bizarre, effectivement. Mais je me suis vite convaincue que je voyais ce que je voulais voir, que j'essayais juste de me donner du courage. Et puis je savais bien qu'il aimait les filles, alors c'était idiot de penser qu'il pouvait...

Et puis finalement il le dit. Pour de bon. Clairement. Je tourne la tête vers lui, il regarde vers le ciel. C'est peut-être mieux. Je suis encore en train de traiter l'information. D'enregistrer ce qu'il vient de dire. De réaliser les implications. De comprendre que si seulement...

Et là, il me regarde. Et il me pose une question. Inattendue, improbable. J'aurais pas cru qu'il se souvenait de ça. Et pourtant tellement pertinente. Il ne peut pas se rendre compte, évidemment, de l'ironie et de la perfection de cette question en particulier. Et d'un coup c'est trop pour moi. Je craque. J'éclate de rire.

Le vrai fou-rire. Irrépressible, incompréhensible, idiot. Je sais qu'il faut que je m'arrête, que je lui dise quelque chose, que je lui explique. Je sais très exactement dans quel état il doit être après son aveu, et je peux pas le laisser comme ça, mais rien à faire, impossible de m'arrêter. C'est trop ridicule, trop stupide, trop tristement évident. Des années à se cacher, à pas oser en parler, ne rien oser dire de peur de gaffer, la culpabilité et le mensonge. Tout ce qu'on aurait pu partager si seulement l'un d'entre nous avait été moins idiot que l'autre.

Parce que c'est idiot bien sûr. Parce que je sais, tout au fond de moi, que même sans ça il m'aurait quand même acceptée comme je suis. Je le sais, je l'ai toujours su, et je suis sure que lui aussi. Mais la peur a été plus forte. Tout ce temps. Les larmes me viennent aux yeux, et je sens que ce n'est pas seulement à cause du fou-rire. Je pleure de rire et je pleure tout court. Je pleure sur le temps perdu, les occasions gâchées, je pleure sur Cait qui avait raison, et sur Sidney que j'aurais pu connaître, peut-être.

Je sais pas si ça dure un instant ou une éternité. Trop longtemps pour Requiem, je suppose, qui doit se demander ce qui me prend et redouter ma réponse en attendant. Parce que je n'ai toujours pas répondu à sa question, et c'est cette pensée qui arrive à me calmer. Je prends une grande respiration et je me tourne vers lui, les yeux encore brouillés par les larmes. J'attrape sa main et j'essaye de lui sourire.

- Je te demande pardon. Bien sûr que je t'aime. Et t'es pas bizarre. On est juste deux idiots et je viens tout juste de m'en rendre compte...

Je l'aime oui, et je crois qu'à cet instant ça doit se voir rien dans ma façon de le regarder. Je me contorsionne pour lui faire un bisou. Sur la joue. Le même qu'à l'époque. Je rassemble mon courage, pendant quelques secondes, et puis je me lance.

- Dis... Tu t'es jamais demandé pourquoi je t'avais posé cette question, à l'époque ?

Confidence pour confidence. C'est à mon tour de raconter.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 16 Aoû - 14:48

Elle éclate de rire. Rien de ce à quoi il s'était attendu. C'avait été tellement dur de le sortir, de l'extirper du petit tiroir bien verrouillé dans lequel il était. Il se débattait encore avec ce spectre qui le hantait. Celui de la seule personne qu'il ait véritablement aimée en-dehors de elle-ci. Celui des moments passés. Des moments heureux. De cette main qui l'effleurait quand il étaient dans un café. De ce sourire qui faisait invariablement naître le sien. De cette voix qui... Il se reprend alors qu'une légère rougeur envahit ses joues. Rare, elle aussi.

Mais tout ça se confronte à ce rire. Au départ, il est simplement blessé. Puis il la regarde quand même. Melody n'a jamais été cruelle, ça ne lui ressemble pas. Et il voit ces larmes qui dévalent ses joues. De rire bien sûr, mais il y a quelque chose d'hystérique dans ce rire. Comme le sien, parfois, quand il trouve l'absurdité d'une situation tellement aberrante qu'il ne sait pas comment réagir autrement. Alors il se calme. Il souffle à son cœur qu'il lui faut prendre son mal en patience. Qu'elle s'expliquera. Il s'efforce de déplier la main qu'il avait crispée sur le pendentif, de tirer une bouffée de sa cigarette presque consumée. Pour se rassurer, il tapote un rythme effréné contre ses côtes. Il s'interrompt, terrifié, quand il se rend compte que c'est Battery. Il n'a jamais été capable de la rejouer après...

Puis elle lui prend la main, le regarde avec ses grands yeux bleus trop brillants. S'excuse. Et il sourit. Il a l'impression que quelque chose s'est débloqué en lui. C'est la première fois qu'il en parle à quelqu'un et elle le comprend. Mais Melody est spéciale, il le sait... Et puis sa dernière phrase le plonge dans de nouvelles abysses de perplexité. Ils sont idiots? Oui, bien entendu. Se torturer pour un truc pareil, c'est stupide, mais en même temps... Un doute naît dans son esprit alors qu'il la regarde. Qu'il se souvient, ou plutôt ne se souvient pas. Quand elle inspire, il a l'impression qu'elle rassemble tout le courage de l'atmosphère. Et elle pose LA question. Celle qu'il s'est posée pendant longtemps. Et parce que c'est ce qu'il fait le mieux dans ces moments-là, il ne réfléchit pas avant de répondre:

"Si. Longtemps. Je me suis posé cette question, et d'autres encore. Et puis, au final, je me suis dit que ça n'avait aucune importance. Tu pouvais être bizarre, tu pouvais être un monstre, tu pouvais même avoir trois bras ou dix jambes, être cannibale, ou même causer un génocide, je me suis rendu compte que je t'aimerais quand même. Mais si j'y réfléchis..."

Il se tourne sur le côté, face à elle, la tête presque sur son épaule. Il éteint sa cigarette puis, de la main gauche, dégage son front pour y poser un petit baiser, avant de souffler, juste pour elle:

"Il n'y a jamais eu d'homme dans ta vie, n'est-ce pas?"

Et à cet instant, alors qu'il lui sourit, il se trouve horrible. Parce que même qu'elle se soit torturée à ce sujet (s'il a raison) lui fait terriblement plaisir. Et parce que ce soupçon, s'il se confirme, fera de lui le seul et unique homme de sa vie. Et ça lui plaît tellement que ça lui fait mal. C'est lui le monstre, une fois encore. Lui qui a abandonné une famille derrière lui. Lui qui se réjouit du malheur de la femme qu'il aime le plus au monde. Mais il ne laisse rien de tout ça transparaître dans ses prunelles tellement frappées par le soleil qu'elles sont oranges. Il laisse juste passer son amour pour elle. Tout ce qu'elle a besoin de savoir. Peut-être aura-t-il d'autres révélations à faire, plus tard...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 16 Aoû - 16:28

Je me rends compte que mon rythme cardiaque s'est affolé. C'est idiot, après ce qu'il vient de me raconter, je n'ai plus aucune excuse pour redouter sa réaction. Et pourtant mon cœur bat tellement la chamade qu'on pourrait croire qu'il essaye de rejouer un des rythmes de batterie de Requiem. Mais ça, c'est à l'intérieur. De l'extérieur ça ne se voit pas. J'attends simplement qu'il réponde à ma question. J'écoute ce qu'il me dit, calmement.

Et en l'écoutant, je me calme pour de vrai. C'est pas exactement une révélation, je crois que je l'ai toujours su au fond de moi. Mais il y a une différence entre ce qui se sait, et ce qui se dit. J'ai l'impression qu'un poids s'enlève de mes épaules. Un poids que je n'avais remarqué, mais qui était là depuis des années, depuis trop longtemps pour que je m'en rende compte. Depuis que j'avais appris que l'amour d'une mère n'est pas toujours inconditionnel, à cause d'une petite fille aux tâches de rousseur et au goût de fraise...

C'est comme si j'avais eu besoin, depuis tout ce temps, que quelqu'un me dise ces mots, me fasse savoir que je serai aimée, malgré tout, malgré moi, quoi que je fasse, juste parce que je suis moi. Et qui d'autre que lui aurait pu le faire ? Venant de quelqu'un d'autre, je crois que j'aurais trouvé ça joli, gentil, mais sans vraiment y croire. À part peut-être de Sonatine. Et encore... Mais c'est lui, alors je le crois. Parce qu'il était là à l'époque, quand j'avais besoin de quelqu'un vers qui me tourner pour me rassurer. Parce qu'il a toujours été là. Parce qu'il a gravé mon nom sur sa peau. Parce qu'il m'a suivie jusqu'ici.

Il m'épargne même l'étape, toujours difficile même avec tout ça, des aveux en bonne et due forme. D'une simple question murmurée, à peine plus qu'un murmure, comme un secret entre nous deux. Alors je le regarde dans les yeux, et je souris. Je sais qu'il n'y a qu'une seule réponse que je puisse donner à cette question, la seule qui soit vraie et sincère.

- Si. Un. Le seul qui m'ait protégé des autres.

Pas besoin d'en dire plus pour qu'il comprenne ce que je veux dire, je pense. Quand même, j'ai l'impression que je lui dois plus, après tout ça. Confidence pour confidence, mais si c'est lui qui dit tout pour moi, est-ce que ça compte vraiment ? Et puis je crois que j'ai envie de lui raconter des choses. Après tout ce temps passé à tout garder pour moi, j'ai envie de me confier. Surtout à lui. Alors je rallume une cigarette, et je reprends mon tour, d'abord sur le ton de la blague.

- Mais qui éloigne les filles, aussi. C'est dingue le nombre qui ne supporte pas de passer en deuxième position.

Je lui fais un petit clin d’œil et mon fameux sourire en coin. C'est pas complètement gratuit, je pense aussi à son tatouage, à ce que les autres filles, ses autres filles ont dû en dire. Mais ça, c'est pas pour tout de suite, puisque c'est mon tour. Alors je reprends mon sérieux.

- Il y en a eu qu'une en fait, qui ait vraiment compris. Ou en tout cas accepté. Elle s'appelait Cait. Vous vous êtes croisés une fois d'ailleurs, elle était venue me chercher après une répétition. Elle avait dit que si les autres filles t'avaient vu, elle comprenait qu'elles se soient inquiété qu'on passe autant de temps ensemble. Et que si tous les mecs étaient comme toi, elle pourrait bien envisager d'y revenir.

Je me rends compte que j'ai un léger sourire qui flotte sur mes lèvres, mais il s'efface vite quand je continue.

- J'étais avec elle quand Sidney... Je me souviens, j'étais à son appart quand tu m'as appelé. Elle était sous la douche, j'ai même pas pris le temps de la prévenir que je partais. Je lui ai expliqué après. Je lui ai dit que j'aurais pu le temps de la voir pendant un moment, que t'avais besoin de moi. Je m'attendais à ce qu'elle me quitte, qu'elle trouve une autre fille. Mais non. Elle a attendu. Je sais pas comment elle a fait. J'ai jamais vraiment compris pourquoi. Je suis pas franchement la copine la plus vivable de la planète, et pourtant... Je sais pas. Elle arrivait quand même à me supporter. J'ai même rencontré ses parents ! Ils étaient sympa... Et puis le temps a passé, et moi j'avais toujours trop peur pour la laisser rentrer vraiment dans ma vie, alors elle est partie.

Je hausse les épaules. Fin de l'histoire. Je sais pas s'il y a une morale à en tirer. Je me tourne vers Requiem. C'est son tour après tout. Peut-être que lui saura en faire ressortir quelque chose. Ou qu'il a d'autre chose à me raconter, qui sait.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 16 Aoû - 17:04

Il a raison. Et en lui, le débat reprend. D'un côté, il est terriblement désolé qu'elle ait dû se débattre seule avec ça pendant si longtemps. Qu'elle ait ressenti les tourments par lesquels il est passé. Mais en pire, parce que lui avait tout de même l'excuse de pouvoir fréquenter des femmes s'il le voulait. Et une autre partie de lui, très forte, trop forte, exulte littéralement. A envie de sourire et de hurler sa joie. Cette partie qui l'enfermerait dans une cage, des fers aux pieds, si elle le pouvait. Celle qui ne la montrerait jamais au monde, juste pour la garder pour lui. Celle qui parfois, se demande s'il ne préfèrerait pas la tuer que la confier à quelqu'un d'autre. Celle qui lui fait peur quand il la croise dans le miroir. Il hésite tellement qu'il est obligé de fermer les yeux, pour qu'elle ne voit pas ce débat dans ces prunelles oranges qu'il déteste autant que cette haute taille. Mais il lui sourit toujours. Un sourire qui oscille entre la tendresse et la victoire.

Puis elle s'éloigne et il peut rouvrir les yeux sans craindre de s'exposer. Parce que si lui en a peur, qu'en penserait-elle? Il se laisse retomber sur le dos alors qu'elle plaisante sur le fait qu'il fait fuir les filles. C'était malheureusement terriblement vrai. Quand il fait cette blague sur cette Fille, il rit. Il en doutait sincèrement, mais elle avait été gentille. Il se souvenait vaguement d'elle. Le jour où il l'avait vue partir avec quelqu'un d'autre, ç'avait été un déchirement. Le jour où il avait compris qu'elle ne serait pas à lui, qu'elle ne vivrait pas pour son bon plaisir. Un jour horrible, et un jour heureux. Un souvenir doux-amer, comme ils le sont souvent.

Les filles... Une nouvelle décision à prendre. Sarah. Devait-il parler d'elle? Un frisson lui parcourt l'échine à cette pensée. Il est un homme horrible, véritablement. Mais il se dit qu'elle ne le comprendra pas s'il ne lui parle pas de Lui, d'abord. Mais d'abord, lui répondre. C'est important. Qu'elle comprenne qu'il comprend. Alors, en sortant une cigarette, une nouvelle, il répond, une esquisse de sourire aux lèvres. Ce n'est pas encore l'épreuve:

"Je m'en souviens. De ce jour, de cette fille. Le jour où j'ai fait faire mon tatouage..."

La dernière phrase a été prononcée bas, presque juste pour lui. C'est la vie. Les femmes vont et viennent. Vont et viennent. Mais ne restent jamais. Il écrase dans son poing la cendre de la cigarette qu'il n'a même pas allumée. Ca commence mal. Mais il faut que ça sorte, sinon il ne le fera jamais. Il n'ose déjà plus la regarder. Le début est confus. Il ne sait pas comment commencer cette histoire, la sienne. Version abrégée, certes, mais malgré tout. Un Listener's Digest, en quelque sorte. Les morceaux choisis. Qui commencent au commencement. Lui. Alors il se lance:

"Je voudrais... J'aimerais.. Il faut... Mais. Argh. Pour que ça veuille dire quelque chose, il faut que je commence ailleurs. Que je commence par eux. Mes parents. J'imagine que... tu te doutes de beaucoup de choses sur eux. Alors j'irais vite. Je t'ai déjà parlé de mon père. Pour lui, je n'étais qu'un... ersatz de lui-même. Un avatar qu'il pouvait manipuler à sa guise. Mais globalement, j'étais une entité semi-autonome sans conscience et sans besoin. Je n'existais que pour lui et par lui. Il ne savait pas qui je suis. Il s'en moquait bien. Ma mère..."

Il atteint enfin le cœur du problème. Il se souvient pourquoi il n'aime pas parler d'elle quand il entend un bouton de son gilet glisser doucement le long de ses côtes. Il n'imagine que trop bien le tissu désormais élimé. Dommage, il aimait bien ce costume. Mais ça se rachetait. Il n'a presque pas eu mal. Ou alors, il a tellement mal ailleurs qu'il ne s'en rend pas compte. Il prend une inspiration un peu tremblante, puis recommence, comme le gamin de sept ans qu'il a un jour été qui récite une leçon qu'il connait par cœur, mais qui ne ressent rien. Il paraît que les gens qui parlent d'évènements traumatiques s'expriment ainsi. De façon mécanique, vide. Mais il se force à poursuivre:

"Ce n'est pas ma mère biologique. Mon père, dans son immense sagesse, a engrossé je ne sais qui, et a forcé ma mère a accepter son bâtard. En échange, elle a pu partir faire le tour du monde autant de fois qu'elle l'a voulu. Pour elle, j'étais une poussière sur sa chaussure vernie. Rien de plus. Elle en a toujours fait à sa tête. Ne s'est jamais retournée sur moi. N'a jamais pris mon opinion en compte..."

Mais il s'arrête là, alors qu'il aurait encore tant à dire. Les mots ne veulent plus sortir. "J'ai été abandonné sur tous les plans sauf le papier" veut-il dire. Qu'elle comprenne. Mais non. Il avait toujours eu l'impression que Sona lui rappelait cette femme, mais il avait rejeté cette idée. Comme quoi, les instincts, parfois... Un sourire un peu triste aux lèvres, il se retourne vers Melody. Il a besoin d'encouragement pour continuer. Parce que ce qu'il a dit là n'est que l'entracte. Le plat de résistance est bien pire. Terrible. Le choix qu'il a fait entre ses familles. L'amour peut-il vraiment être inconditionnel?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeVen 16 Aoû - 18:01

Il se souvient de Cait. J'avoue que ça m'étonne. Pour lui c'était juste une fille, un jour, comme ça. Rien de plus. Ils s'étaient à peine salués, tout juste si je les avais présentés. Je lui avais jamais parlé d'elle après. J'avais même soigneusement évité le sujet. Pas franchement un souvenir mémorable, donc. À moins que. Il parle de son tatouage aussi. Pas vraiment comme si ça m'était adressé, j'ai pas l'impression qu'il sache que je sais. Plus comme s'il y avait un rapport. Je vois pas vraiment lequel. Tant pis.

Je retiens une exclamation quand il s'écrase sa clope dans la main. Je sais bien que c'est pas le moment de l'engueuler. Je sais bien qu'il a plus important en tête à cet instant, même si je sais pas bien quoi. J'espère savoir bientôt. Je sais bien qu'il y a quelque chose derrière ce geste. Mais quand même, merde. Et puis il se met à parler. À bafouiller, plutôt. Je sais pas ce qu'il a à me dire, mais de toute évidence c'est important et difficile. D'un coup je me demande ce qui peut l'être plus que son aveu concernant Sidney. Et je m'inquiète. Mais je l'écoute. Encore une fois, je le laisse venir à son rythme. Une introduction d'abord, ok, noté. J'écoute.

Il me parle de son père. Pas de grosse surprise. Le très peu que j'en savais ne m'avait jamais poussé à lui vouer une estime excessive, et je l'ai définitivement classé dans la catégorie des connards finis il y a déjà des années, la seule fois où Requiem a daigné en parler. Bon. Il me parle de sa mère... Merde. Ça par contre, c'est nouveau. Je comprends mieux. Beaucoup de chose. Clic, les pièces du puzzle qui se mettent en place. De son regard triste qui m'avait poussé à lui offrir mon goûter à son pétage de plombs de ce matin. Bordel.

Il s'arrête. Il n'arrive pas à continuer. Est-ce que c'est parce qu'il vient de parler de sa mère, ou parce que c'est trop dur d'en venir à ce qu'il voulait vraiment me dire ? Les deux peut-être. Peu importe, dans tous les cas. J'en profite pour attraper sa main et vérifier qu'il s'est pas trop abîmé. Ça ira. Il a de la chance. Et puis, l'air très absorbée par mon observation de sa main, je lance, mine de rien :

- Comme quoi. Entre ta mère qui t'aimait pas parce que c'était pas ta mère, et la mienne qui était juste trop occupée à s'assurer que j'étais une "jeune fille convenable" pour le faire, on était faits pour se trouver tous les deux.

Parce que parfois, l'humour est la dernière ressource du désespoir, même s'il est noir et cruel. Je finis par relever le regard de sa main, pour le planter dans ses yeux à lui. Je lui souris, un sourire triste, un sourire d'oiseau blessé. Un sourire qui dit que je comprends ce qu'il ressent. Un sourire qui dit que même même si on a pas la même histoire, on a vécu les mêmes souffrances, ou en tout cas elles se ressemblent. Un sourire qui dit qu'on est pareils, au fond. Et un sourire qui dit aussi, un peu, qu'on les emmerde, tous, tant qu'on est tous les deux.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeSam 17 Aoû - 8:14

Une jeune fille convenable. C'est plus fort que lui. Même au milieu de toute cette mélasse dans laquelle il s'embourbe, il ne peut s'empêcher de rire en imaginant ça. Melody avec les cheveux peignés et un beau chignon, un petit tailleur-jupe et des escarpins. Melody qui ne fume pas. Melody qui n'est plus Melody. Le rire s'essouffle rapidement. Mais c'est ce qui lui fallait, probablement. Plus que son sourire encore. Même s'il sait qu'elle essaie de comprendre. Mais il n'a pas tout dit. Pas encore. Il peut continuer désormais, cependant. Alors c'est ce qu'il fait. Il a peur de ne plus pouvoir le faire s'il rate cette occasion. Un terrain connu d'abord...

"Si nous avions tous deux été des enfants convenables, on ne se serait jamais rencontrés, tu sais. Mon père a dépensé beaucoup d'argent pour que je devienne une vitrine de sa prospérité et de ce que la société londonienne avait de meilleur. Et je mâche mes mots sur ses moyens. L'argent a toujours été la solution à tout, pour lui. Et si, ce jour-là, je ne m'étais pas rebellé un tout petit peu, j'aurais terminé dans un Conservatoire avec des fils de Lord, à apprendre le piano. Gros changement, non?"

Dans sa tête, il arrive enfin au cœur du problème, mais il n'est pas encore certain d'avoir expliqué suffisamment de choses pour qu'elle comprenne. Il hésite, encore. Il tourne autour de l'idée dans son esprit même. Il ne cherche pas véritablement à essayer de se présenter sous son meilleur jour. Après tout, ce n'est pas comme s'il en avait vraiment un. Il a des façades plaisantes. Mais en-dessous, il est immonde. Pire encore que Lui. Malgré tout ce qu'il s'était promis. Il s'était juré qu'il ne serait jamais, ô grand jamais, comme Lui. Qu'il n'abandonnerait personne. Qu'il ne laisserait personne derrière lui. Mais il ne pouvait pas le lui dire. Pas tout de suite. Elle penserait que c'était exactement ce qu'il avait fait. Qu'il l'avait suivie envers et contre tout pour Sona. Elle verrait en lui un homme bien. Ce qu'il n'était plus. Qu'il n'avait jamais vraiment été. Alors il entame une circonlocution digne d'un avocat. Peut-être.

"J'ai eu trois familles dans ma vie. Plus que la plupart des gens, je dirais... La première, celle du sang, a été virtuellement inexistante, comme tu l'as compris. Celle du cœur, c'est toi... et Sona aussi. Je vous ai choisies, envers et contre tout. Mais il y en avait une autre. Une en devenir..."

C'est maintenant que le pire commence. Alors il décide de raconter Sarah, pour qu'elle l'excuse, quand même. Et il trouve ça encore pire. Mais il ne s'était jamais beaucoup aimé, alors ça ne changerait pas grand-chose. Donc, comme le lâche qu'il est, il tente de se justifier, comme un plaidoyer minable devant le plus indulgent des jury.

"Sarah était... Une femme bien plus âgée que moi. Beaucoup d'entre elles l'ont été, mais elle s'est accrochée. Je ne sais pas pourquoi. Enfin, si, je le sais. Pour elle, j'étais un portefeuille géant, le fils d'un grand avocat, et un futur grand avocat. Une mine d'or, en quelque sorte. Elle supportait mes sautes d'humeur en les considérant comme des caprices d'enfant. Et pour moi, elle était... un pilier stable, mais sans plus de sentiments. Une sex-friend bien pratique, si tu veux. Et puis..."

Il rabaisse la main qu'il avait levée vers le ciel, comme pour attraper le soleil. Puis il redresse le buste, entourant ses genoux relevés de ses bras, la tête baissée vers le sol. Il constate avec indifférence que son gilet est effectivement irréparable. Il faut asséner le dernier coup. Et après... Advienne que pourra.

"Elle était enceinte. Elle me l'a dit quand j'ai dû lui annoncer que je disparaissais. Je m'étais juré que je serais différent, et pourtant..."

Il secoue la tête entre ses genoux. Il n'y a rien d'autre à dire. Alea jacta est, comme disent certains. Dans son esprit, il commence déjà à se demander s'il pourrait emménager dans son cabinet. Après tout, c'était une petite maison, avant...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeSam 17 Aoû - 12:07

J'essaye de l'imaginer, mon Requiem en pianiste. Il ne s'appelle pas Requiem mais Eric, il n'a pas les cheveux décolorés, il a des jolies mains bien propres, et pour s’asseoir devant son grand piano noir, il porte un costume. Peut-être même une queue-de-pie. L'image se superpose à celle de Requiem, le vrai, le mien, celui que j'aime, torse nu et en sueur, la tignasse en bataille à force de se déchaîner sur sa batterie. Là c'est à mon tour de rire. Un peu.

Au moins ça a l'air de l'avoir débloqué. Il recommence à parler. Moi j'attends, patiente mais anxieuse, je l'écoute pour ne pas me demander quelle terrible nouvelle il essaye de m'annoncer. Il parle de familles. De nous, et d'une autre. C'est bizarre, je sens comme un vide tout d'un coup. Et puis il parle d'Elle. Sarah. Et la façon dont il en parle efface le vide. Jusqu'à ce que.

Enceinte. Merde. Merde merde merde merde merde merde merde. Je sais pas pourquoi, ce mot se met à tourner en boucle dans ma tête. J'imagine Requiem en papa. Le vide revient, menace de tout dévorer à l'intérieur de moi. C'est drôle, ça m'était jamais venu à l'idée, avant. D'ailleurs j'avais jamais vraiment pensé aux gens qu'il pouvait y avoir dans sa vie, à part Nous. Même quand il m'avait parlé de Sidney. Peut-être parce qu'il n'y avait déjà plus de Sidney...

C'est le bordel dans ma tête, dans mon cœur, partout. Tout s'enchaîne, tout se mélange, je sais pu à quoi je pense. Requiem en papa. Requiem avec une famille qui n'est pas Nous. Requiem a laissé tomber ceux qui n'étaient pas Nous. À cause de moi. De nous. Je me souviens, quand je lui ai parlé de la lettre, je m'étais promis de ne pas le pousser à partir, de le laisser faire son choix. Je me demande si c'est vraiment ce que j'ai fait.

Je sais que je devrais dire quelque chose, un truc, n'importe quoi, lui répondre. Mais pour dire quoi au juste ? "Désolée" ? Ce serait mentir, j'arrive pas à l'être. Je m'en veux, oui, mais je n'arrive pas à être désolée qu'il nous ait choisies, qu'il m'ait choisie, plutôt que cette fille qu'il n'aimait pas et cet enfant qui n'existe pas encore. "Merci" ? Ça oui, ce serait vrai, mais je ne peux pas le dire, c'est trop horrible. Cruel. Cruelle.

Je devrais me sentir mal. Je voudrais me sentir mal. Pour ce gamin qui, si jamais il existe un jour, n'aura pas de père parce que je le lui ai volé. Mais non, rien à faire. Je ne voudrais pas qu'il soit resté. Pour trop de raisons, toutes cruelles. Égoïstes. Je ne voudrais pas qu'il soit resté parce qu'alors, peut-être, je l'aurais perdu. Je ne voudrais pas qu'il soit resté parce qu'il est à moi avant d'être à Elle. À Eux. Parce que je compte plus qu'eux. Je ne voudrais pas qu'il soit resté, parce qu'alors j'aurais dû choisir. Entre ma sœur et lui. Et que ça, c'est pas un choix, c'est une torture. Même maintenant, j'arrive même pas à me l'imaginer.

Et tout ça, ce ne sont pas des choses à dire. Ça ne devrait même pas être des choses à penser, je suppose, mais ça j'y peux rien. Alors je me tais. Je m'approche de lui, qui garde sa tête planquée entre ses genoux, et je m'assois à côté de lui. Je le prends dans mes bras, et je pose ma tête sur son épaule. Maintenant, je sais quoi dire. La seule chose que je peux dire. Parce qu'elle est vraie, parce qu'elle est belle, et parce que ça me paraît être la seule chose vraiment importante à cet instant.

- Je t'aime...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeSam 17 Aoû - 13:26

Le temps s'est suspendu. Il a même l'impression de ne plus respirer, en attendant sa réponse. Parce que qu'est-ce qu'il y a à dire, à part qu'il est un homme horrible. Un homme qui a abandonné sa famille pour... sa famille. Et oui, tout le paradoxe de cet évènement, c'est qu'il devait choisir entre sa famille et sa famille. Alors il avait choisi celle dont il était sûr. Celle qu'il aimait. Celle avec laquelle il pensait ne pas pouvoir vraiment gaffer. Il avait choisi la sécurité plutôt que le risque, celui de s'ennuyer dans une vie d'avocat auprès de son père, celui de faire tourner un pauvre gosse comme lui, celui de les oublier et d'affronter le vide dans son cœur. Après tout, il ne pouvait pas vraiment regretter ce qu'il n'avait jamais connu, n'est-ce pas?

Et puis il sent sa tête sur son épaule, ses bras qui essaient de faire le tour de sa grande carcasse. Cela fait bien longtemps qu'elle n'y arrive plus. Mais peu importe. Il accueille cette étreinte pour ce qu'elle est. Et quand elle lui dit qu'elle l'aime, un sourire presque déçu tord son visage toujours caché entre ses genoux. Il a envie de lui faire confiance, comme il l'a toujours fait. Mais d'un autre côté, comment ne peut-elle pas voir le monstre qu'il est? Il aimerait presque que ça se voit sur lui. Que les gens sachent à qui ils ont affaire quand ils pénètrent son cabinet, son antre. Mais non, il n'est qu'un vulgaire beau gosse un peu rockeur. Quelle ironie.

Il se recompose un visage. C'est ce qu'il fait le mieux. Ça et détruire les gens. Il se retourne autant que possible, dans une contorsion aussi improbable qu'inconfortable, et la prend aussi dans ses bras. Il se dit quand même que cette pensée va s'insinuer en elle, maintenant. Qu'elle va y réfléchir. La tourner, la disséquer. Qu'elle finira par atteindre la même conclusion que lui. Et qu'à ce moment-là elle se détachera de lui pour voler de ses propres ailes. Il a planté la graine du doute en elle. Il brûle le pont derrière lui. Pour l'instant, seules quelques fibres s'effilochent, mais au final, il tombera. Seulement quand il sera certain qu'elle sera saine et sauve de l'autre côté.

Il a peu d'espoir sur son propre compte mais... On lui a offert une seconde chance, ce n'est peut-être pas pour rien. Un petit sourire avec un rien d'espoir dedans lui effleure les lèvres quand il l'éloigne de lui, avant de lui souffler:

"Joue quelque chose pour moi, Melody, s'il-te-plaît."

Parce qu'on ne ment pas avec la musique. Parce qu'il est certain qu'il comprendra ce qu'elle ressent à cet instant grâce à cela. Et ensuite, ce sera son tour de parler. Il s'est assez confié pour cette vie et la précédente. Il repense aux vers d'Homère qu'il a scandé le matin-même. Aucune Déesse, n'est-ce pas? Aucune échappatoire. Mais peut-être un tunnel avec une sortie, lumineuse ou non...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeSam 17 Aoû - 16:48

Quand il passe ses bras autour de moi, j'ai l'impression que les choses se remettent un peu en place, que le monde a retrouvé une partie de son équilibre. Il y a toujours comme ce vide en moi, estompé mais toujours là. Caché tout au fond. L'idée que je puisse le perdre pour de bon, un jour. Que je ne sois plus sa famille. Je me demande à quoi c'est passé, cette fois. Ce qui a fait pencher la balance du "bon" côté, ce qui a fait qu'il n'a pas décidé de rester, finalement. Je me demande si ça suffira, la prochaine fois, s'il y a une prochaine fois.

Je ne veux pas l'empêcher de vivre sa vie, évidemment. Je veux qu'il soit heureux. Qu'il trouve quelqu'un qui l'aime et qu'il aime. Mais, et si ça veut dire faire passer ce quelqu'un en premier ? Si ça veut dire m'effacer, le laisser partir ? Est-ce que j'en serais capable ? Si je devais choisir entre son bonheur et mon besoin de lui, est-ce que je pourrais ? Est-ce que le choix serait plus facile, ou encore plus impossible que quand j'ai cru devoir choisir entre lui et ma sœur ?

Quand il se détache de moi, j'ai presque envie de le retenir, de le garder contre moi. Comme si ça pouvait conjurer mes idées noires. Mais je le laisse filer, l'air de rien. Il a déjà assez à ressasser comme ça, pas besoin que j'en rajoute. J'enroule mes bras autour de mes genoux et je le regarde, lui souris quand il me demande de jouer pour lui. Ça faisait longtemps. Pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir quoi jouer. Il me suffit de me rappeler que les quelques mots qui tournent dans ma tête depuis tout à l'heure sont le titre d'une chanson. Nothing else matters

Je déballe mon violon, me lève parce que je déteste jouer assise. J'ai besoin de me sentir libre de mes mouvements. Le contact du bois et des cordes sous les doigts m'apaise, comme toujours. Comme si je retrouvais une partie de moi. Je ferme les yeux, comme à peu près à chaque fois que je joue sans partition. Premier passage d'archet sur les cordes pour vérifier qu'il est bien accordé, même si je sais pertinemment que c'est le cas, et c'est parti.

L'introduction c'est facile. Après bien sûr, la chanson est pas vraiment faite pour un violon seul, alors il faut que j'adapte un peu. Comme d'habitude, je ne réfléchis pas vraiment à ce que je fais, je suis mon instinct. Je laisse la musique m'entourer, me guider. Comme si c'était mon violon qui utilisait mes doigts pour jouer, et pas l'inverse. Je me rends compte que les arrangements que je fais ont quelque chose de familier, et puis je finis par mettre le doigt dessus.

Ça ressemble à ce que j'avais composé pour Requiem, un peu. Pas grand chose, juste une série de notes, un certain de rythme par moment. Ça ne doit même pas se remarquer, à moins d'y faire vraiment attention. Mais je trouve ça... pertinent, après tout. Ça ne m'étonne pas que ce soit ça qui me soit venu naturellement. Au contraire, c'est même parfaite logique, puisqu'au fond c'est exactement ce que je voulais dire.

Du coup, au lieu de m'arrêter à la fin de la chanson que je joue volontairement, je décide d'enchaîner sur celle qui s'y glisse comme une voleuse. Autant dire les choses clairement. La transition est facile à faire, on dirait presque que c'est simplement une autre partie de la même chanson. Ça fait longtemps que j'ai pas joué cette mélodie, mais elle revient naturellement sous mes doigts. J'aime l'entendre, je me rends compte qu'elle m'avait manqué. Ça n'a rien à voir avec quand je l'ai fredonnée, un peu plus tôt ce matin : mon violon la chante bien mieux que moi. Alors je la laisse s'éterniser un peu plus qu'elle ne devrait, quitte à revenir en arrière et me répéter. Juste pour le plaisir.

Et puis je finis par la laisser s'éteindre. Je reste quelques secondes immobile dans le silence, le temps de retrouver le contact avec le reste du monde, et j'ouvre les yeux. Avant de me rasseoir, j'interroge Requiem du regard. Pour savoir si ce qu'il en a pensé déjà, évidemment. Mais aussi en manière de dire que je veux bien continuer, lui jouer autre chose, s'il veut.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeDim 18 Aoû - 10:03

Comme prévu, elle se lève. Pose son violon, puis son menton, et joue. Un sourire effleure ses lèvres. Nothing Else Matters, huh? Installé confortablement dans l'herbe, la tête tournée vers le soleil, les yeux fermés, il écoute. Il repère, sous la mélodie qu'elle doit adapter, une autre qui s'infiltre. Lui, qui s'infiltre. Un sourire indolent joue sur ses lèvres. Nothing else matters but me. Il a envie d'y croire. Presque trop. Et elle poursuit avant qu'il ne puisse vraiment se pencher sur l'ironie de la situation. Elle sait presque tout, et pourtant, elle dit qu'elle l'aime toujours. Pourquoi? Que voit-elle en lui qui en vaille tant que ça la peine? Il ne sait pas. Ne sait plus. N'a jamais réussi à savoir. C'est aussi pour ça qu'il a mis tant que temps à accepter Sidney. Il n'y a rien de bon en lui. Rien de vraiment mauvais, mais il est... Comme un œuf qui aurait été gobé. Une jolie coquille parfaite, mais vide à l'intérieur. Du vide dans du creux. Ou l'inverse. Difficile à dire.

Alors, une nouvelle fois, il revêt sa plus belle coquille. Quand la mélodie arrive au terme, il ouvre les yeux et lui sourit. Parce qu'il comprend qu'elle l'aime. Malgré tout ce qu'il est, ou n'est pas. Elle en sait plus que n'importe qui d'autre, mais elle l'aime quand même. Peut-être pas pour toujours, mais en tous cas pour l'instant. Alors il décide de profiter de l'instant présent. Quand elle s'immobilise enfin, il hoche la tête comme il avait l'habitude de le faire à la fin d'un morceau, quand ils se produisaient. Puis il prend sa guitare, et commence à tapoter un rythme. Parce que seule, elle est magnifique, mais il a envie qu'ils jouent à deux, qu'ils retrouvent cette harmonie qu'ils ont toujours eue. Que la musique, le seul langage en lequel il croit de toute son âme, lui prouve qu'ils sont toujours en harmonie, qu'ils peuvent encore ne faire qu'un. Les premiers battements, tapotés du bout des doigts sur la caisse de résonance, sont ceux d'Anagantios. Eluveitie n'est pas ce qu'elle préfère, mais il en a envie. Et le clavier leur manque moins, alors. En plus, c'est une instrumentale, et il n'y a besoin d'aucune parole entre eux.

D'autant qu'il a déjà beaucoup parlé. Et qu'il a envie d'y croire. Alors elle comprendra, n'est-ce pas?


HRP:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitimeDim 18 Aoû - 12:34

Il me sourit, d'un sourire peut-être un peu moins triste, peut-être un peu plus sincère que les précédents. Je sais qu'il a compris ce que je voulais dire, et je crois qu'il y croit. Parce que la musique ne peut pas mentir, pas vrai ? Il attrape sa guitare, mais pas pour en jouer, du moins pas de la manière conventionnelle : il délaisse les cordes pour ne mettre à profit que la caisse de résonance. Je lui souris.

Je l'ai toujours préféré en batteur qu'en guitariste. Bien qu'il soit aussi talentueux dans les deux. Simplement, je trouve que ça lui correspond mieux, peut-être. J'en sais trop rien. Peut-être aussi, sans doute plutôt, parce qu'à la guitare j'ai la sensation qu'il n'a pas besoin de moi. Ou du moins pas autant. Quand il n'a qu'un rythme, je peux être sa mélodie. Comme je trouve que sa cadence manque à mon violon, quand je joue seule.

Je mets plusieurs seconde à reconnaître la chanson qu'il a choisie, simplement parce que c'est pas une que j'écoute généralement. Ce qui ne m'empêche pas de la connaître assez bien pour la jouer. Mon archet frottant les cordes répond à ses doigts frappant le bois. Pendant quelques instants, j'oublie qu'on est que deux et pas trois, j'oublie qu'il manque quelque chose à notre partition, et je savoure simplement le fait de jouer ensemble. Comme une discussion sans paroles, où les notes remplacent les mots. Harmonie.

Et puis fin. Comme tout à l'heure, je prends le temps de reprendre pied avant d'ouvrir les yeux. Je le regarde, et je vois que cette fois il n'a plus de mélodie à me demander, alors je me rassois. Je range mon violon, comme toujours avec précaution, et je me réinstalle en tailleur. Je me rappelle qu'on avait apporté à manger en voyant la nourriture étalée devant moi. Je pioche dedans machinalement, plus par principe que pour autre chose.

J'ai l'impression que c'était il y a des heures qu'il m'a proposé ce pique-nique. La discussion a sans doute duré bien moins longtemps que ça, mais on peut dire qu'elle aura été intense. Je vais avoir du tri à faire dans ma tête pour démêler tout ça. Beaucoup de tri. Mais ça, ça viendra plus tard.

Je pourrais profiter qu'il soit en veine de confidence pour lui parler de son tatouage. Il y aurait des chances qu'il me réponde. J'avoue que ça m'intrigue, pas tant le fait qu'il se le soit fait, plutôt qu'il ait décidé de ne pas nous en parler. Mais il a sans doute ses raisons. J'attendrai qu'il décide que le moment est venu, et tant pis si le moment ne vient jamais. Je suis déjà contente de savoir qu'il existe, ce tatouage. Est-ce que c'est bizarre, d'aimer l'idée qu'il ait mon nom gravé sur sa peau ?

Peut-être bien. Mais c'est pas grave après tout. Il m'aime même si je suis bizarre. Pour le reste, on verra plus tard. La matinée a déjà été assez riche en révélations. Et en émotion. Je me dis que si on était pas venus ici, on se serait peut-être jamais dit tout ça. Alors peut-être qu'il y a quand même du bon à tirer de cette histoire de fous. Je le regarde et je lui souris.

- Si on rentrait à la maison ?
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Empty
MessageSujet: Re: [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]   [Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

[Terminé]Tattoo? Oui, t'inquiètes, j'ai du sirop... [Melody]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Ametrine ♢ my melody.
» Tempête d'eau. [Terminé]
» Nakala ~ terminé.
» Oh! Quelqu'un de mon âge! [PV Barthélemy] [Terminé]
» [Terminé] Question à propos des métiers

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 ::  :: Quartier commerçant-