Il n'y avait rien pour expliquer mon ennui face à cette situation qui prenait une tournure trop longue. Vous voyez de quoi je voulais parler ? La fermeture des frontières bien entendu. J'aurais aimé qu'elle s'ouvre, uniquement pour que je puisse continuer à travailler. Certains n'avaient pas réellement besoin de cela pour vivre, leurs boulots étaient sur place. Seul leurs amis devaient leur manquer. C'était sans doute pour cette raison que j'avais eu l'idée d'agir comme une de mes récentes rencontres. J'allais passer incognito à travers les mailles du filet, et enfin utiliser mon pouvoir comme il le fallait.

Je ne me la jouais pas hors la loi, j'avais juste besoin de plus en plus d'argent. Difficile d'arrondir ses fins de moi lorsqu'on vous limite à un seul royaume. J'avais songé à changer de métier. Mais aucun ne m'intéressait vraiment. C'était le seul que je trouvais assez tranquille, le seul dont les horaires étaient fixés par ma seule personne. Le jour où j'aurais envi d'avoir un patron, comme dans mon ancienne vie, n'était pas prêt d'arriver.

J'étais installé à une table, attendant l'un de mes clients. Ce dernier arriva bien vite avec un colis qu'il glissa sous ma table. Il commanda rapidement, je faisais de même sans réellement me préoccuper de ce qu'il y avait d'intéressant sur la carte. J'avais simplement envi de clôturer rapidement cette livraison, pour pouvoir m'attarder sur d'autres clients. Ce dernier m'exposa la situation. L'adresse à laquelle je devais livré était assez perdu au fin fond du pays. Entre autre, la vallée du vent que je ne connaissais pas encore assez bien. Les plats arrivaient lorsqu'il m'expliquait que la personne à qui je devais livré le colis n'était présente qu'à certaines heures de la journée. C'était mauvais, pour ce point. Je m'attendais déjà à faire le piquet devant la baraque. Sans signature, pas de livraison et, pas d'argent. Vous connaissez mes tarifs, la moitié avant, par précaution, le reste lorsque le colis a été livré. Il avait hoché la tête, mais alors que ses lèvres s'entrouvraient, une personne venait de s'installer à la table. Jeune femme aux cheveux clairs bouclés, le regard vif, des traits d'étendus. Je ne l'avais jamais vu par ici celle-là, mais pour sur, elle était une nouvelle à Yubaba. Cela aurait pu en être autrement, sinon, la garde l'aurait peut être arrêter depuis longtemps. ... Euh. Le client n'avait qu'à peine touché à son assiette qu'il s'était déjà levé. Il me glissait l'adresse au dessous de mon assiette et sans allait sans demander son reste. C'est une habitude chez vous de vous installer à n'importe quelle table ? J'aurais pu être plus gentil. Or, je ne l'étais que dans mes meilleurs humeurs, qui apparaissaient très rarement d'ailleurs. Je me penchais sur mon assiette, car je ne comptais pas partir avant de l'avoir terminé, puis poursuivit : Vous n'êtes pas assise à la meilleure table, petite nouvelle. Jolie petite nouvelle qui se croyait chez sa grand-mère.

Sa face changea du tout au tout. Elle passa de la petite fée sympathique au chien enragé. Il fallait le dire, je restais con. Après tout, il y avait de tout pour faire un monde. Et je n'étais pas le seul au monde, surtout à Yubaba, d'avoir si mauvais caractère. Elle s'attendait peut être à ce que je l'accueille au moins d'un salut. Dans une autre situation peut être, mais vu que mon client s'était barrée, sans me filer la moitié, j'allais devoir lui courir après. Or, ce détail là, la minette aux dents aiguisées ne le savait pas. Elle aurait peut être réagi avec beaucoup moins de hargne. Pourtant, au lieu de rester figer, la fourchette à deux centimètres du visage, je lâchais l'ustensile, et explosait simplement de rire. La nouvelle arrivée allait sans doute être la première depuis mon arrivée ici à découvrir que mon caractère n'avait rien de normal. Ses propos allaient sans doute faire changer mes émotions aussi vite que le vent change de direction.
Ouais. J'en jette avec mes piercings. Je me la pète tellement que je les utilise pour intimider les gens. Non, en réalité pas du tout. Mais, sincèrement ses propos m'avaient tellement laissé perplexe que j'avais pas pu m'empêcher de causer. Et je n'avais pas fini. Elle avait déclenché l'option moulin, parce qu'elle avait su piqué ma curiosité.
On ne me choquait pas facilement.
Je risque pas de t'ignorer avec le petit monologue que tu viens de me sortir. Je trouve ça assez rare les gens qui débitent des paroles aussi vite, sans bégayé, avec une assurance pareil. Sinon, oui, je me crois tout permis à cette table ci. Tu viens de faire fuir la moitié de mon argent de poche du mois. Pour ce dernier point, je savais déjà qu'elle s'en foutrait pas mal. Après tout, même si j'étais pas du genre à m'intéresser à tout ce petit monde qui grouillait autour de moi, je cernais déjà un peu la fille qui se tenait en face de moi. J'avais déjà vu qu'elle était nouvelle, enjoué de pouvoir découvrir la belle cité de Yubaba. Son caractère pouvait être aussi casse bonbon que le mien. Et, tout simplement, elle ne mâchait pas dix fois ses propos avant de les cracher à la gueule de ceux qui m'emmerdait.

Je reprenais en main ma fourchette, j'avalais quelques bouchées, je changeais totalement d'expression du tout au tout, puis finissait par : Sinon. Ouais, je sais pas si c'est très respectueux de s'asseoir à une table au hasard, sans demander l'avis de ceux qui l'occupe. Donc, je pense être en droit de commenter. Pour les présentations, je ne pense pas que c'était, à ce moment précis, le sujet principal. D'ailleurs, je doutais que dans son cas, ça l'intéressait.