La rue commerçante était un endroit particulièrement connu pour deux choses : les délicieuses fragrances qui s'en dégageaient d'épices tous les horizons, des fleurs fraîchement coupées, des délicats parfums, des fruits sucrés et exotiques et l'incroyable flot humain qui s'y mouvait. Une masse informe, sombre et particulièrement bruyante souvent peu attentive, l'esprit embrumé par toutes ces senteurs, ces bruits et ces couleurs. Les enfants avaient les yeux brillants tirés par leurs mères pressées, les délicates jeunes filles roucoulaient avec quelques messieurs bien aimables qui proposaient de les aider à porter leurs charges, les hommes discutaient politique d'un air grave en riant aux plaisanteries courtoises des uns et des autres. Les individus ne devenaient plus que des éléments qui se perdaient dans cette vague, cette entité informe qui s'écoulait dans la rue et les visages étaient déjà emportés au loi avant qu'on ait pu y faire attention.

Duke leva les yeux sur le ciel bleu : le temps semblait clément, peut-être que cela lui porterait chance. Il était du genre à se laisser aller à quelques superstitions qui semblaient absurdes, il aimait cette constance instabilité qui régissait sa vie de voleur et cette place total au hasard qui invitait le hasard à danser. Il s'abandonnait au déraisonné, au mystique, à ce que l'on ne pouvait pas prouver par quelques savants calculs dont seuls les plus instruits détenaient le secret. Peut-être parce que son existence toute entière reposait sur cette notion de chance abstraite et arbitraire, peut-être parce qu'il aimait la sensation d'adrénaline que cela lui procurait ce constant sentiment d'inconnu, il se laissait finalement prendre aux jeux des petites croyances urbaines comme éviter de passer sous les échelles ou de briser intentionnellement les miroirs.

Le duc eut un sourire, son éternelle expression bienheureuse collé aux lèvres de celui pour qui tout va parfaitement bien dans le meilleur des monde, avant de s'engouffrer dans l'amas humain. La démarche toujours dansante et presque féline, il se faufilait entre les silhouettes en se laissant enivré des divers parfums un instant, des toilettes de ces dames de temps à autre. Mais, s'il semblait étonnement serein, chacun de ses muscles était tendu, à l'affût de sa victime de l'heure et toujours prêts à s'esquiver dans un coin sombre à la première accroche : il était comme ça, téméraire mais, lâche. Il esquivait plutôt qu'il n'attaquait, il bondissait plutôt qu'il ne blessait au gré de ses rencontres. Il n'était pas réfléchi mais, réaliste. Il était prudent par sa solitude, il aimait vivre constamment au bord de cette limite qui séparait le raisonnable de l'inconscience mais, il savait qu'à la première fausse note, le duc tomberait.

Ses yeux sombres finirent par se poser sur un homme un peu redondant, un brave et honnête homme très certainement qui menait sa petite vie tranquillement malgré les aléas et les entraves quotidiennes. Certainement pas un mauvais bougre au fond, un habitant ordinaire après tout qui rêvait peut-être d'un peu de gloire dans sa vie trop anodine, banale au fond de son lit. Il venait de ranger une vieille montre dans la poche de son veston, sûrement une antiquité qui était loin de valoir les plus grands trésors mais, de quoi y trouver un bon prix au marché noir. Duke ne volait jamais les antiquités qui valaient des milliers : il s'était toujours contenté des petits larcins, des butins sans intérêt qui lui permettait de subvenir tout en restant dans la masse, sans trop se démarquer pour qu'on vienne fouiller dans son petit train de vie.

Le voleur se glissa jusqu'à sa cible qu'il bouscula «malencontreusement» sous les mouvements de la foule et fit tomber son chapeau, dévoilant des cheveux sombres et ébouriffés. Le lascar rattrapa de justesse le dit chapeau alors que sa victime se tournait vers lui avec surprise, il s'excusa en des termes bien polis et aimables qui plaisaient aux hommes de cet acabit, le caressant dans le sens du poil pour qu'il se laissa plus facilement distraire à l'aide de quelques flatteries et d'un air d'enfant un peu naïf, un peu candide. Il en profita pour lui demander bien gentiment un quelconque renseignement, laissant le bonhomme gesticuler pour lui indiquer la bonne direction. Et de son plus mielleux sourire, Duke glissa sa main dans la poche un peu trop entrouverte, faisant mine de retenir l'individu un peu bousculé par les va et vient des passants.

Il s'apprêtait à quitter son bon samaritain, le remerciant d'un ton charmant et cherchant déjà un prétexte pour prendre congé quand ses yeux se posèrent sur une silhouette. Deux yeux qui le fixaient sûrement depuis le début de la manœuvre, qui avait vu son petit cirque qu'il maîtrisait à présent parfaitement. Duke colla son doigt à ses lèvres qui formèrent un sourire malicieux, quittant sa nouvelle victime le plus rapidement possible avant qu'elle ne se rende compte du petit tour qu'il lui avait joué et se faufila jusqu'à l'observateur en se fondant dans la densité de la foule.

Duke détailla rapidement l'homme, puisque son complice se révélait être un homme : il devait faire une bonne dizaine de centimètres en plus, habillé de façon assez élégante à la manière des gens importants et la mine particulièrement réprobatrice des bureaucrates. Si ses petites tours de passe-passe amusaient certains, ils semblait profondément outrés d'autres par leurs manquements certain à l'étique : ces autres aux airs sérieux et préoccupés qui se devinaient dans chaque plissement dans leurs visages, à leurs sourires qui sonnaient faux, ces hommes ennuyeux qui s'encombraient de règles et de morales, désapprouvant quiconque ne s'y prêterait pas. Grand Dieu ! Le maître des voleurs avait volé pour se remplit l'estomac, qu'on le lapide sur la place publique pour cela paraisse plus convenable, que cela sonne mieux...

« Tu dois savoir que j’ai tout vu. Et je dois admettre que ce genre de comportement a le don de m'agacer. Aussi, je te demanderais d'où tu viens au juste. » Le lascar ne se laissa pas démonter par l'inconnu au ton beaucoup trop sévère -quel ennui- qui le fixait avec tous les reproches du monde au creux des yeux et laissa son sourire s'agrandir d'amusement. S'il avait parlé avant, par jeu et par le temps, il avait appris à mentir, à devenir une multitude de personnages pour qu'on s'emmêle dans les noms, dans les récits et qu'il ne reste qu'un mythe rapidement oublié : il était téméraire mais, dans une certaine mesure raisonné par sa solitude. Le monde lui avait tourné le dos, le monde ne le sauverait ni aujourd'hui, ni demain.

« Je viens d'un peu partout mon cher monsieur si vous voulez savoir et de nul part à la fois. Mais, si j'ai une affection toute particulière pour cet endroit, je viens du plus pauvre des royaumes. » Il chantait de sa voix rieuse d'enfant, il jouait avec un délicieux plaisir : usant de toute cette politesse moqueuse qu'il aimait tant, de ce langage que les hommes si bien éduqués affectionnaient tant. Mais, il rie, il se moque et toujours, il garde cet air peu sérieux, cette constante insouciance en suivant le plus vieux des conseils : ne jamais laisser de traces. La mauvaise d'herbe n'est pas d'ici, on pourra au pire la réprimer mais, pas l'emprisonner et elle partira au gré du vent. On pourra sermonner son esprit jugé indécent, contraire à la moral et essayer de corriger son immoralité et ses vices mais, on ne pourra jamais rien bien fait d'autre.

L'individu ne semblait, de toutes façons, pas idiot : il ne le bernerait pas avec ses jolis mots et ses histoires de magicien mais, il lui sera plus que difficile d'obtenir des informations sur le criminel et en homme bien occupé, il avait sûrement autre chose à faire que poursuivre un petit voleur des rues. Il resterait dans le doute, chassant finalement la mésaventure dans un coin : il est plus facile de critiquer son monde dans son beau salon aux canapés en velours et alors on se lance sur des discussions théoriques passionnantes, on polémique, on philosophe sur du vent et des poussières. Duke connaissait ces gens importants, il les avait longtemps observé pour mieux leur plaire et se plier à leurs attentes. Ils aimaient parler, ils raisonnaient fort bien avec un vocabulaire soutenu mais, ils étaient bien ennuyeux à ne finalement rien faire embrigadés dans leurs doctrines ou leur égoïsme. Ils aimaient à changer le monde sans en souffrir.

« Peut-être que si je vous parle philosophie ou politique, Monsieur, cela vous plaira-t-il plus ? Est-ce que les phrases que j'emploie sont au goût de Monsieur ? Ou est-ce que je ne fais encore que pâle figure face à vos très chers amis ?...Peut-être que je ne sais pas être assez sérieux ? Excusez-moi Monsieur, je n'ai pas bien appris. » Il marqua une pause, après avoir fait de grands gestes pour exagérer l'action. « Allons donc, je ne vous demande pas de cautionner, je vous demande le silence. Comme vous savez si bien le faire, Monsieur, en homme important.» La remarque sonnait piquante.

Duke souriait, toujours, encore comme un gamin de son air candide et un peu benêt devant ces reproches qu'il connaissait si bien et ces remarques désobligeantes que lancent ces hommes qui ont tout ce dont ils ont besoin de leur petit ton moralisateur. Il se retenait d'éclater de rire de toute son insouciance parce qu'il aimait se rire du danger, il aimait ce sentiment d'absolue liberté mêlée à la peur qui faisait hurler ses tripes, qui lui tordait l'estomac alors qu'il se balançait au bord du gouffre avec un plaisir grisant. Il aimait sentir cette adrénaline qui réveillait chaque fibre de son corps alors qu'il sentait son cœur sur le point de s'arracher à sa cage thoracique, cette délicieuse sensation que l'impossible semblait à portée de main.

Mais, le duc restait prudent, il aimait ce sentiment bref, ce qui ne l'en rend que plus intense, et il restait sur ses gardes pour disparaître dans la masse des ombres noires de son petit pas dansant comme un magicien. Il savait se faire félin : fanfaronnant comme un coq, comme un insupportable luron et devenir insignifiant, il savait se fondre dans les recoins les plus minuscules et se terrer la seconde d'après. Tel était le code du voleur. S'il n'avait pas pu se débrouiller par sa carrure, il avait su tirer parti de son corps fuselé et avait développé sa ruse et son esprit farceur pour se jouer des brutes en tout genre, jouissant ainsi d'un certain pouvoir de son expression malicieuse d'adolescent fragile.

Aussi s'il ne sentait pas encore spécialement menacé par son interlocuteur, le loubard se doutait peut-être en chemin miné et gardait un œil discret vers la porte de sortie. Peu d'hommes pouvait se vanter de vous enfermer au royaume de la liberté, bien qu'il n'excluait pas la possibilité d'un quelconque bluff pour faire taire son insolente et dérangeante arrogance, mais, peu d'hommes était prêt à venir en aide au duc des voleurs. On se méfiait de ses petits jeux, de son air un peu trop malicieux dés que l'on commençait à connaître ses combines et il exaspérait par son apparente insouciance, son étrange joie de vivre. Il cultivait en effet un sourire quasi permanent et se montrait plutôt peu sérieux, s'amusant de tout de son petit sourire espiègle parce qu'il n'avait jamais aimé les vies bien rangées : il aimait les explosions, les coups du sort, les retournements rocambolesques et les frasques peu probables qui éclairaient sa vie de couleurs criardes.

« Vous avez sûrement raison Monsieur, je ne dois pas égaler les hypocrisies de votre entourage habituel et je ne suis, comme vous dites, qu'un simple voleur. Je n'ai pas été instruit ou je ne suis probablement pas assez intelligent pour penser les grandes causes de l'humanité, n'est-ce pas Monsieur ? Ou je n'ai pas un assez joli costume pour que l'on me prenne au sérieux peut-être ? Après tout, je ne connais que les rues, la vulgarité du bas-peuple, je ne connais que la faim. Mais, ce n'est pas très intéressant je suppose pour un homme de votre rang ? » Duke se faisait mielleux puis moqueur, il se faisait conciliant mais, étrangement ironique. Il raillait, il faisait critique et piquant en tournant en ridicule la perception qu'on semblait avoir de lui : un vulgaire malfrat. Il se rabaissait pour mieux faire passer le ton un peu épineux. Mais, il visait clairement sa cible et son air blasé, son expression accusatrice dans son beau costume sombre

« Je viens du Royaume de la vallée du Vent Monsieur. » Reprit-t-il, prenant un air un peu plus sérieux en continuant un peu plus bas : « Mais, nous savons tous les deux Monsieur que de toutes façons, il y a énormément d'individus ici et que vous n'avez pas le temps de chercher une vérité aussi insignifiante... » Sois discret et vole petit parce que les grands voleurs, bien que maîtres des artifices finissent toujours par tomber quand ils ont le monde à leurs trousses. Sois petit et on oubliera, on laissera finalement passer tes crimes bon enfants pour te laisser retomber dans toute la splendeur de ton anonymat. Sois rapide mais, fais-toi minuscule.

« Tu sais bien parler, il n’y a pas à dire. Et avec tes remarques presque désagréables, tu as du en avoir des ennuis avec les autres, à n’en pas douter. » Oh la bête devenait moins glaciale, elle semblait presque se détendre après s'être crispée face au ton moqueur du voleur. Des ennuis ? Duke aimait ça les ennuis, il les appelait de sa démarche joyeuse et de son large sourire pendu aux lèvres. Des ennuis, il en avait eu des tonnes dans sa petite vie de lascar. Les ennuis, c'était ce qui lui permettait de ne pas tomber dans la vie routinière et monotone, c'était ce qui lui donnait l'impression de s'amuser de la vie elle-même et en un sens, de prendre sa revanche.

Mais, contrairement à ce que son interlocuteur semblait penser, le duc savait se montrait le plus affable et le plus charmant des individus : il avait rarement le temps de laisser quelques piques dans la conversation. Il s'employait à détourner l'attention de ses victimes par quelques phrases bien tournées pour déjouer leurs sens plus facilement, les laissant avec cette impression passagère d'avoir rencontré le plus grand des gentilshommes. Ce n'était que le ton réprobateur et l'appel de l'adrénaline qui lui avait finalement soutiré quelques mots, le goût du jeu et du risque comme si chaque instant pouvait être le dernier. Juste pour le plaisir exquis, presque suicidaire, de se sentir valser en permanence avec le danger voire la mort. Elle était une danseuse d'exception, prête à vous happer dans ses ténèbres de son pas terriblement lascif.

« A moins que tu rendes à ce marchand ce que tu lui as pris. » Si la bête se montrait plus douce, ce n'était que pour énoncer sa menace de manière plus mielleuse encore mais, elle était parfaitement claire. Le loubard plongea sa main dans sa poche pour faire couler sur ses doigts la chaîne en argent de la vieille montre, héritage antique d'une autre époque, d'ancêtres oubliés. Elle avait en elle-même peu de valeur, plutôt lourde et grinçant mais, assez vieille cependant pour en avoir un bon prix ou quelque chose de plus utile. Et Duke se sentait déjà beaucoup moins enthousiaste à perdre son butin fraîchement acquis. L'envie du risque le titillait, la délicieuse impression de puissance que lui procurait le fait de se jouer de ceux qui dictaient ou appliquaient les lois. Il se sentait au-dessus de tout et ça en était grisant, magnifique, ça hurlait à la liberté.

« Et si, par malheur, je pensais à re-fu-ser ? » Il laissa planer la question, toujours aussi joueur, avant de continuer : « Vous allez me courir après ? Vous en conviendrez, avec un si beau costume, ce n'est pas chose aisée et puis...J'ai autre chose à vous proposez, de beaucoup plus intéressant. » Évidemment, tout était une question de timming et le pari était plutôt risqué pour lui mais, il était presque sûr que son interlocuteur accepterait : il comptait sur la fierté qu'il lui semblait avoir entraperçu. Il voulait la titiller pour qu'il se sente forcé d'accepter, après tout, il ne voulait pas faillir à son devoir en lui offrant un beau spectacle ?

Duke sortit de sa poche l'objet si convoité, le laissa se balancer quelques secondes à peine devant les yeux de l'inconnu avant de la cacher derrière son dos. A défaut d'un repas chaud, il aura été bien diverti.

« Vous comprendrez Monsieur que je ne peux me résoudre à la rendre si facilement...Elle est actuellement dans une de mes mains. Si vous trouvez laquelle, je vous rend la montre sans faire d'histoires et nous n'en parlons plus. Si au contraire, vous vous trompez, je vous propose d'oublier vos dispositions. Cela me semble plutôt loyal, cela vous convient-il ? » Il joua une dernière fois avec la montre avant de refermer définitivement ses doigts dessus. La droite.

« Tu n’as pas l’air de comprendre une chose gamin. Ici, ce n’est pas toi qui fait la loi, c’est moi.» Le sourire de Duke se brisa en une fausse mine agacée : le ton n'était plus aux moqueries courtoises et aux piques charmantes. L'homme au beau costard était fatigué de jouer, la bête commençait déjà à sortir ses griffes avec ses grands mots et ses menaces. Quel homme finalement si ennuyeux de terminer un si beau jeu de manière si brutale, quel homme ennuyeux croulante sous toutes ses règles et ses valeurs qui ne le menaient à rien, nul part. Mais, le duc commençait à se douter que s'il continuait, il avançait en terrain minée et alors, cela valait-il le risque ? Cela valait-il une courte sensation d'adrénaline pour se faire l'ennemi d'un homme qui pouvait être très influent et perdre un de ses terrains de chasse ?

« Je vous retourne le conseil Monsieur, ne venez pas à sous-estimer un inconnu juste car vous vous trouvez en territoire familier... » Rétorqua le lascar, une once de défi au fond de la voix. Il avait une confiance toute particulière en ses talents de fuyard, il avait presque été taillé uniquement pour la fuite : plutôt mince, filiforme, assez léger pour se faufiler, se terrer un peu partout et les années lui ayant appris à courir plutôt vite se joignant à ses deux dons. La maîtrise du vent qui se révélait un atout parfois majeur pour lui et le vol des sens était peut-être la plus terrible chose qui puisse exister pour un esprit humain. Il l'avait lui-même expérimenté quand son don était encore incontrôlable, la panique qui l'avait envahi quand il avait perdu l'usage de la vue, le poids qui pesait sur sa poitrine et sur sa gorge comme s'il allait finir par suffoquer, plongé dans le noir ou le silence pendant parfois des heures. Cette impression de vulnérabilité, de faiblesse logeait au fond de son être. Cependant l'effet s'arrêtait sur un rayon de sept mètres pour ses victimes, assez pour avoir déjà disparu dans la foule. Le voleur n'avait cependant jamais aimé le sentiment de malaise, de poids que cela lui créait sur la jugulaire dès qu'il l'utilisait, cette impression de panique vague qui grandissait en lui.

Cependant, l'interlocuteur avait vu son visage assez longtemps pour le reconnaître et peut-être même lui vouer une certaine rancœur qui rendrait ses affaires un brin plus compliquée, juste pour le sentiment de liberté d'avoir contredit un homme si arrogant dans ses propos, si sûr de lui. Et cela sonnait comme un défi qu'il tentait de refuser, bien que l'envie de folie le démangeait soudain extraordinairement fort. Aussi peut-être était-il l'heure de se faire soudain tout petit, il n'aurait qu'à répéter son petite manège si bien huilé un peu plus loin. Les poches étaient souvent pleines les jours de marché. Il ne tenait pas à se faire remarquer par une rue aussi bondée, tout particulièrement s'il venait à entrer en conflit avec un personnage influent. Duke évitait toujours les confrontations trop directes, y préférant l'ombre et l'anonymat qui se révélaient beaucoup plus sûrs et tranquilles.

« Ah doucement ! Vous aimez les grands mots Monsieur mais, ne nous emballons pas si vite...Vous avez raison, vous êtes en position de force et que suis-je donc bien pour oser défier si haut placé n'est-ce pas ? Un gamin inconscient sûrement. Tenez. » Une nouvelle fois, abordant son air faussement conciliant et charmant, il se moquait, usant même volontaire le terme employé par son interlocuteur. Il avait pourtant dépassé depuis longtemps l'âge de se faire appeler ainsi. Le voleur lança la montre en l'air, assez haut pour que son interlocuteur puisse la rattraper. Ce fut finalement bref. « Voyez, vous avez la montre, vous avez arrêté le truand, finalement c'est vous qui avait gagné. Tout le plaisir fut pour moi. Sur ce, je vous laisse savourer votre victoire Monsieur et je vous salue. »

Il fit une sorte de révérence, un léger tour sur lui-même comme pour marquer sa sortie avant de se fondre dans la masse. Le sourire toujours aux lèvres.

(Voilà, si tu veux que je modifie quoi que ce soit, n'hésite pas ♥ )