[Libre] Où vais-je ?

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« Cher journal,

Cela ne peut plus durer. Je ne sais pas comment j'ai pu devenir ainsi. Je n'ai pas eu la chance du Petit Poucet. Je ne peux pas revenir en arrière. Mon chemin de souvenirs s'efface, s'éparpillant en poussière. Je me suis perdue. Il faut avancer pour grandir mais ne dit-on pas aussi que c'est avec le vécu, le passé qu'on devient quelqu'un ? Alors je ne suis plus rien, plus personne. Tes frères m'ont été subtilisés, il ne me reste que le dictionnaire, le livre et un appareil d'écoute pour la prononciation de mon médecin indiquant comment toute personne doit vivre et se comporter. Je lui fais confiance même s'il a tenté quelques farces dont j'ai eu la jugeote de déjouer dans son livre. Mais j'ai perdu mon âme, ma vie. Je ne sais plus qui je suis, je ne suis plus qu'une poupée vide se remplissant de ce qui l'entoure. Il m'arrive de ressentir des émotions mais je les oublie vite, m'étonnant toujours à chaque fois que l'une resurgit en moi. Je ne me souviens pas de quiconque. Etant un poids, apportant la douleur égoïste aux gens de ne plus exister pour moi, je me retrouve presque seule. J'ai vécu par moi-même, barricadée, sans m'éloigner de cette chambre. Je suis différente chaque jour comme si des centaines de sosies de moi apparaissent et s'effacent sans laisser aucune trace. Je ne veux pas souffrir, je ne veux pas non plus poignarder ceux qui me tendent la main. Alors la solution est la solitude.

Mais un jour, mon médecin m'a tendu un livre vide et un crayon. « Ecris ce que tu vis de jour en jour, découvre tes différentes facettes et deviens quelqu'un. Tu n'auras plus mal. Tu existes toujours, ton subconscient t'aidera.». Depuis, je remplis tes pages cher journal. Brièvement certes mais je te parsème de mots. Aujourd'hui est une exception. D'habitude, je ne mets qu'une liste des personnes que j'ai rencontré avec leur photo, des choses et sentiments que j'ai découverts. Mon chemin se crée à nouveau petit à petit. Les pierres me guident à nouveau. Mais j'ai eu besoin de m'exprimer. Maintenant, je vais prendre l'air, j'ai envie de voir ce que je vais être aujourd'hui.

Sur ce, à plus tard, mon confident.»

« Cher journal,

Je ne sais pas où je me trouve il semblerait que je sois dans un rassemblement avec plein de monde. J'ai demandé timidement où j'étais. Je suis dans les Landes de Calcifer. Je me suis laissée emporter par mes pas et mon voyage. L'après-midi s'écoule. Je pense que je vais rester ici pour la soirée. Heureusement que j'ai un petit budget, je remercie la pâtissière qui m'a engagée malgré tous les troubles que je lui apporte avec ma condition. Je devrais lui acheter un souvenir. Je lui suis redevable. Pour le moment, je me suis isolée. J'ai trouvé une maison d'hôte et je suis assise à la terrasse pour écrire un peu. J'avoue qu'être embarquée par la foule m'angoisse un peu alors je me repose avec une tasse de thé et quelques biscuits. Je me demande qui je vais rencontrer aujourd'hui...

J'entends un cri au loin. « A l'aide». Je vais voir ce qui se passe. Je reviens. Je n'aime pas vraiment ce qui se passe...»

Miette aimait le quartier commerçant. Cela faisait longtemps qu'elle n'était pas venue et se baladait tranquillement dans entre les échoppes, guettant une bonne affaire. La petite fille aimait l'effervescence du quartier, se faufiler entre les personnes, fouiller sur les présentoirs en espérant trouver la bonne affaire. Et elle la trouva.

Le cafetier était un grand homme, massif. Devant lui s'étalaient des grains tous différents. Cela lui donna immédiatement envie de goûter à une tasse d'un étrange café au nom barbare, presque mystique, qui traînait dans un coin. Elle en demanda une tasse ; on le lui refusa sous prétexte qu'elle était trop jeune. Elle en redemanda ; on le lui refusa à nouveau et on la chassa de la boutique.

Mais l'enfant était têtue. Elle se glissa près du café tant convoité, et le prit. Comme elle n'était pas très discrète, le marchand la remarqua immédiatement et se mit à lui courir après dans les rues.

Il était grand, il était fort, et la gamine n'était pas sûre de pouvoir en réchapper. Elle glissa donc les grains dans sa poches et se mit à hurler, aussi fort qu'elle le pouvait:

"A l'aide! Le monsieur a voulu me faire un bisou! Et il m'a menacé quand j'ai refusé! A l'aide!"

Elle continuait à courir, le vendeur offusqué à ses trousse, en criant d'autres mensonges en espérant que quelqu'un arrête son poursuivant.

Invité

« Cher journal,

C'est une petite aventure qui va poursuivre ce récit.

Je ne comprends pas du tout ce qui arrive. Je m'étonne des réactions que je peux avoir est-ce vraiment moi ou la personnalité du sang que j'ai bu qui me mue d'un tel comportement ? Je n'ai pas le temps de tergiverser. Je dépose de la monnaie pour payer mon thé et j'analyse la situation. Je ne discerne que des bribes de mots. Puis mon sang bout. Mon corps s'agite. Mes jambes accourent alors que mon esprit ressent l'importance d'agir. Trois mots stridents d'une enfant s'insinuent dans les rues et assemblés ensemble ont suffi : aide monsieur menace. Je sors dans la rue les poings armés. Il semble que la personne qui m'imprègne ait quelques notions de self défense.

A peine le temps de quitter la terrasse je vois un petit corps fuser tel un trait coloré sous mes yeux. Parmi les pas affolés un léger claquement résonne. Je ne m'attarde dessus mais cela ressemble à des graines brunes. Puis une marche plus lourde rompt la légèreté de la petite fuyarde. Un homme massif surgit juste à ma hauteur. Son souffle m'indique qu'il s'agit du poursuivant. Mon instinct prend le dessus. La raison n'est plus. D'un mouvement, je me mets dos à l'homme, m'interposant entre la fille et ce dernier donne une talonnette au niveau de son tibia et agrippe son épaule pour le faire basculer au dessus de moi. De l'extérieur, les gens ont le souffle coupé et pourtant c'est moi la plus éberluée.

Un fracas résonne. L'homme est à terre. Je ne m'attarde pas. Je file telle une furie, devenant le nouveau prédateur de la jeune inconnue. Comment la retrouver ? Simple. Les grains sombres me signalent où aller. Je ne sais puis depuis combien de temps je cours. J'arrive à mes limites. L'adrénaline se dissipe. Mes longues jambes me permettent de gagner du terrain. Mais c'est avec une réplique aux syllabes saccadés que j'essaie d'interpeller la fusée qui commence à se fondre dans la foule: « - ST-OP ! C'est bon ! La v-voie est lib-re ! »

Et tu sais quoi mon ami ? La suite devient rocambolesque. Je voulus jouer à l'héroïne et je me suis bien trompée...

Miette ne s'attendait pas à ce quelqu'un lui vienne en aide aussi rapidement et aussi efficacement. Deux en trois mouvements et ses poursuivants gisaient à terre. Il fallait admettre que sa sauveuse respirait la classe.

Une femme blonde, pas très massive au premier abord... La gamine s'attendait à autre chose: une titan de deux mètres aux vêtements déchirées, des ecchymoses couvrant son corps, avec un nez d'alcoolique et une cape de super-héros rose. L'élégance incarnée, quoi. La petite s'avança, d'une démarche suffisante. "Merci de m'être venue en aide, Mademoiselle. Voici de quoi vous remercier." Elle fit tomber cinq grains de café dans la main de l'inconnue. Cinq, pas plus, pas moins ; elle en avait déjà suffisamment perdu lors de sa course et ne tenait pas à gaspiller toutes les petites perles noires dans la même journée. Elle fourra le reste dans ses poches.

"Y aurait-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous remercier? Sachez que les nobles savent se montrer reconnaissants." Bon, la môme ne savait pas si sa sauveuse allait gober ça, mais ça valait le coup d'essayer, non? Après tout, ce serait moins gênant de lui demander une faveur comme ça, c'était donc pour la bonne cause. Une idée germa dans le cerveau de Miette: "Par exemple... Je ne sais pas... Vous offrir un emploi pour une journée ou deux... Cela vous ferait-il plaisir?"

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« Mon cher ami,

Je ne saurais comment poursuivre cette histoire sans penser que je devrais éviter de croire les jeunes et faussement innocents minois. La vérité sort de la bouche des enfants... Ce dicton n'est qu'une arme que certains de ces chenapans, plus futés qu'il n'y paraît, use avec délectation. Quels galopins ! Et cela je vais l'apprendre à mes dépens, à mon grand damn. Tout ça à cause du gros ours grognon au grand cœur qui m'emplit corps et âme... J'espère que la prochaine Urd saura éviter ce genre de fabulations enfantines... Revenons à nos moutons, enfin à notre adorable et mutine amie. Je me rends compte qu'elle arrive avec arrogance à mêler politesse et culot. Dans un sens chapeau bas, dans un autre, une bonne petite correction aurait été méritée. Mais veux-tu, cher journal, je suis faite avoir par cette bouille, par la jeunesse.

Elle m'a remercié et donné des grains torréfiés, cinq précisément, en guise de paie. J'ai noté son regard inquisiteur vers la paume de ma main. J'ai souri et je n'ai pas refusé, rangeant ce précieux café dans un sachet. Puis elle m'a proposé de me rendre service en me targuant avec fierté de ses origines de la haute société. C'est ce détail-là que je tiquerai plus tard qui aurait pu causer la perte de la logique de la petite. Mais elle a enchaîné succinctement pour éviter de dévoiler ses failles. Proposant de m'engager pour je ne sais quelle missive, elle m'observe avec des yeux lumineux mais quelque chose m'a dérangé. Je me suis baissé à sa hauteur pour une discussion les yeux dans les yeux.

« J'aurais bien accepté, ma petite dame. Mais je me dois de refuser. Je suis incapable de travailler pour toi. Mais cela me touche beaucoup. »

Je lui ai pris sa main. Je me suis tue avant de déposer mes lèvres sur cette frêle main. Je relève mon visage pour que nos regards ne se détachent pas. Je me crispe légèrement, soupire avant de répliquer d'une voix placide.

« - A moins que tu m'accordes deux gouttes de ton sang. »

Je me suis attendue à deux réactions : la fuite ou la moquerie. Je ne l'ai point relâché, même si ce geste n'a semblé pas du tout en ma faveur. Je desserre ma poigne pour la rassurer. Je n'ai pas su si elle comprendrait ce message silencieux. Puis des aboiements humains se sont élevés parmi les rues. Je n'ai pu entendre la réponse de la jeune demoiselle. Nos poursuivants ont toujours été à notre recherche. Ils sont teigneux ma foi. Ni une ni deux, j'ai pris la petite comme un vulgaire sac de pomme de terre sur mes épaules et j'ai détalé autant que j'ai pu arrêtant dès les premières protestations s'il y en eut de la part de mon colis.

Une fois dans un recoin tranquille, je l'ai déposé et essayé de relancer la conversation comme si rien ne s'était passé. L'intonation de ma voix se fait plus douce, sans vouloir charmer. Etre cajoleuse n'a jamais été mon fort qu'importe les personnalités qui m'ont assailli, à croire que mon subconscient refuse que mon âme se perdre dans les méandres du ridicule.

« - Alors qu'elle est ta réponse ? … Ah sinon je me nomme Urd. »

A ton avis cher journal comment va-t-elle réagir ? Tu sauras bien vite. »

Il y avait des tas de personnes plus ou moins louches à la cité, des vieux malhonnêtes, de jeunes pervers, de simples détraqués... Mais jamais Miette n'avait rencontré quelqu'un lui demandant son sang... C'était tout de même rudement louche et cela paraissait relever d'un brin de psychopathie pas très maîtrisée... Toute sa raison la poussait à refuser mais.. elle avait tout de même très envie de demander un service à sa sauveuse... Et que représentaient deux petites gouttes de sang après tout? Elle en avait à peu près trois litres et pouvait a priori survivre si elle en perdait un peu... A moins que la femme ne soit une vampire...

Sa réflexion fut coupé par la "vampirette" qui l'empoigna avec la délicatesse d'un troll ivre et se mit à courir dans les dédales des rues. Une seule pensée traversa Miette: "Je vais me faire dévorée par un vampire..." Ce n'était une perspective réjouissante à douze ans mais, après une illumination, elle se rappela qu'elle avait mangé ce matin du riz à l'ail, son petit déjeuner préféré, et ne s'était pas brossé les dents. Il lui suffirait de souffler dans la figure pour qu'elle tombe raide morte et Miette serait sauvée des canines qui voulaient la vider de son sang...

La jeune femme déposa la gamine dans une autre ruelle. Elle se mit à lui parler d'une voix douce, comme les vampires avant de manger leur proie, ce qui était tout sauf rassurant. Elle se présenta mais Miette était plus occupée à fixer l'intérieur de sa bouche pour tenter de voir sa dentition. Elle ne put distinguer quoi que ce soit d'anormal mais continua toutefois de se méfier parce qu'à douze ans, peu de gens sont spécialistes des vampires et qu'elle ignorait donc si ses canines étaient rétractables. Méfiance, méfiance...

La petite prit donc une profonde inspiration et souffla tout son air à la figure de sa sauveuse, ce qui ne devait pas être ragoutant vu le relent d'ail... Miette ouvrir grand les yeux, observant sa réaction, s'attendant à la voir s'étendre raide morte avant de se transformer en poussière... Ce qu'elle ne fit pas... Soit la dame n'était pas une vampire, soit la quantité d'ail était trop faible...

"Bon, Madame Urd... Vous pouvez me prendre deux gouttes de sang mais seulement si vous m'assurer que vous n'êtes pas une vampire et que vous me dites ce que vous allez en faire."

Sa mine était un peu suspicieuse et, en disant ces mots, Miette pensa qu'elle pourrait aussi être une sorcière vaudou...

Invité

« Cher journal,

La suite de cette rencontre est là au bout de mes doigts. Alors les mots ne peuvent décrire complètement ce que je ressens face au regard inquisiteur et méfiant de la jeune demoiselle. Je l'ai bien reconnu bien. Si je le supporte ? Non, même s'il s'agit d'une enfant. Je l'ai trop vu, trop haï pour pardonner. J'ai senti mon visage se tendre. Elle m'a scrutée. Il m'a semblé qu'elle s'est attardé sur ma bouche. Je n'ai pas aimé. Je me souviens d'un soupir harassé puis un cri étouffé de dégoût sorti de ma bouche. Cette impertinente m'a soufflé ! Puis je comprends. Une note d'ail dans cette haleine indécente.

Déception, tristesse m'ont envahi. Dans un sens, je trouve honorable que cette enfant parvienne à rester sur le qui-vive, prête à mordre, si c'est le cas de dire, sa fausse ravisseuse. Je n'ai rien dit, occupée à tenter d'évacuer cette odeur horripilante d'un geste de main. Puis la réplique qui a confirmé mes déductions. J'ai grogné et me suis rendue compte que j'ai pu effrayer la petite chenapante. Sans rien dire, j'ai souri. J'ai déballé mes affaires présentes dans mon sac au sol afin de la suspicieuse puisse voir que je n'ai rien d'un vampire ou d'une malotrue personne. Puis je suis restée à sa hauteur et ai répliqué de manière incisive :

"- Si je suis vampire, ne dois-je pas fondre devant le Soleil ? Haïr l'ail que tu sembles avoir englouti ? Ne crois-tu pas que je t'aurais déjà dévoré aussi facilement que je t'ai emporté ?"

Un silence puis :

"J'ai besoin de t'emprunter un peu de ton pouvoir. Les hommes nous suivent et j'aimerais avoir tous les moyens pour leur y échapper. D'ailleurs je me demande pourquoi, ils semblent si acharnés à vouloir nous capturer. Tu es la victime, non ?"

Tels sont les derniers mots qui je lui ai lancé avant que mon cerveau ai débuté à reconstruire le puzzle.

Elle, la victime? La bonne blague... Pourtant, elle prit son air le plus sérieux: "Mais... Mais bien sûr que je suis la victime... Oui, la victime, c'est moi... Je suis une pauvre petite victime.." Cela paraissait un peu hésitant aussi reprit-elle sa respiration et lâcha-t-elle d'une voix plus convaincue, une mimique affligée sur le visage: "Je suis une pauvre petite victime innocente... Et j'ai peur... Si peur, madame..." Sa voix se brisa dans sa gorge. "Les Hommes sont effrayants... Toujours prêts à tenter de faire du mal à leur prochain, à profiter de leur faiblesse..."

La dernière phrase était en surplus mais la gamine espérait tout de même être crédible. Après tout la dame lui proposait de s'en sortir. Plongeant sa main dans sa poche, Miette caressa son larcin. Oui, elle voulait absolument boire un bon café chez elle. Et que représentaient deux gouttes de sang par rapport à plusieurs tasses du précieux breuvages?

Bon, puisque la femme n'était pas une vampire, devrait l'aider à se sortir de la mouise dans laquelle elle se trouvait et ne devait pas être très dangereuse, il ne devait pas être si risqué de lui donner ce qu'elle désirait... Et puis... Miette avait tout de même très envie de voir le résultat qu'Urd mente ou non...

Elle tendit la main, un peu hésitante. Elle était une grande fille, elle avait déjà subit des prises de sang. "Prenez ce que vous voulez... Enfin, laissez-moi en vie et à peu près en état de fonctionner s'il vous plaît..." Le ton était hautain mais sa pâleur traduisait une certaine anxiété, malgré l'éclat de curiosité dans ses yeux.

Quelle froussarde.

Invité

« Mon cher ami,

Je peux te confirmer que l'adage insistant sur l'efficacité des blagues succinctes ne sera jamais remise en cause. Cette enfant est plus bien plus ce qu'elle veut paraître. La farce a assez duré. J'ai peut-être été dupée mais on n'apprend pas au vieux singe à faire la grimace. Ma foi, je peux me permettre de remarquer que la eptite sait presque bien caché le regard qui l'a trahi. Cette lueur mesquine à l'annonce du terme de victime, cet éclat outré pendant les minauderies imbibées de mensonges l'ont mené à sa perte. Mais, elle m'a sorti le grand jeu et j'avoue avoir été bluffée.

Seulement j'ai participé à son méfait, je suis donc considérée comme sa complice. Mon dieu, me voilà dans une galère sans nom. Pas le temps des remontrances, nul besoin de s'attarder sur le masque fissuré de la malicieuse enfant bien que mes mains ont tremblé pour retourner la demoiselle sans dessus dessous pour lui faire cracher le morceau. Une fine main s'est tendue. Je l'ai prise en silence telle une gente dame. Fébrile. J'ai croisé son regard. J'ai souri. L'innocence demeure. Sous ces airs bravaches, elle ne reste, bien que très débrouillarde, qu'une enfant encore apeurée et curieuse. Je n'ai pas commenté, mimant une expression impressionnée.

« - Comme promis juste deux gouttes. Ca ne te fatiguera même pas.»

Doucement alors que j'ai tenté d'attirer son attention pour la détourner de mes mains. Une aiguille a piqué. Hop. J'ai embrassé une goutte vermeille. Ma langue happe le sang sur les lèvres. Je presse l'index de la petite puis la relâche. La douleur est grande. Heureusement qu'elle est jeune. Les souvenirs, sa personnalité ont afflué en moi. Je me suis massée les tempes. Mes yeux ont brûlé pour prendre la couleur de celle qui m'a fait face. La vérité a surgi. J'ai soupiré, soulagée que la souffrance se stoppe et frustrée par ce que j'ai découvert.

« - Mademoiselle Miette, je ne vais pas te demander de rendre les grains que tu as chapardé ni de les rembourser. Mais en dédommagement de tout ça et pour mon silence, une tasse de café ne serait pas de refus. »

Un clin d'oeil, un sourire narquois et j'ai commencé à m'éloigner vers les rues pour échapper tranquillement à nos poursuivants.

Au final, ce n'était pas si douloureux que ça. A peine une petite piqûre, et puis c'était fini. A priori, pas de conséquence. Jusqu'à ce qu'elle parle.

Mais... mais... comment savait-elle? Comment diable avait-elle pu deviner? Une faille dans son jeu? A moins que... ce ne soit le sang... Et elle partait déjà.

Miette la rattrapa en courant. "Mais... vous savez comment? Et vous êtes sûre que vous vouliez juste emprunter un peu de mon pouvoir?" Déjà essouflée, l'enfant continua: "Et je vous ai déjà donné cinq grains de café... Vous êtes sûres que ça ne vous suffit pas?" Derrière, les grognements de leur poursuivants se firent entendre, un peu plus fort ; elle accéléra le pas. "Et cessez de me regarder ainsi, ce n'est pas drôle!" Un peu mécontentement commençait à percer dans sa voix.

Les vociférations de plus en plus fortes commençaient à les coller, à les obliger à tourner, à obliquer au dernier moment dans des rues plus étroites, à faire demi-tour dans des culs-de-sacs... Et ils les coincèrent. Deux grands gaillards aux poils de nez interminables qui frisottaient joyeusement qui n'avaient pas l'air très content. Et qui avaient une tête franchement effrayante.

La môme n'arriverait pas à s'en sortir. Urd par contre... Elle avait l'air plutôt musclée, à sa démarche... Aussitôt, la petite grande, ses cheveux s'allongèrent et blondirent jusqu'à devenir trait pour trait une deuxième Urd. Elle sourit. Elle aurait certes pu choisir de devenir un rude body-builder capable d'écraser ses adversaires en deux-trois mouvements mais elle avait du mal à maîtriser les musculature trop robustes... Elle verrait bien ce que permettrait ce corps.

Invité

« La suite fera bien rire bien que les démons nous rattrape, oui cher journal, regarde donc la suite,

La petite Miette, qui ne s'est pas présenté, a tenté de me suivre tant bien que mal. Sa curiosité est vaste. Cela m'a fait sourire. Elle ne peut rien me cacher maintenant. Je sais ses activités, ses passions. Je lis en elle. Je la connais mieux que quiconque. Oserais-je lui dire l'entière vérité ? Non, nul n'accepte complètement son propre soi, son propre reflet. J'ai entendu ensuite une protestation à propos du prix de mon silence. Taratata. Tu ne m'auras pas jeune fille. Autre grognement est sorti des lèvres de l'enfant. Je le lui réponds par un sourire mystérieux.

La paix allait cesser. L'écho du danger a résonné. Un tintamarre de course effrennée s'est approché. Mauvais signe. Cela ne servirait pas de fuir. Autant se confronter aux adversaires bien que mon esprit, du moins les pensées de Miette enlacent mes jambes qui ne désirent plus qu'à déguerpir à toute vitesse. Revers de médaille de mon pouvoir. Je n'ai pas vraiment de libre pensée. Je n'ai pas vraiment de personnalité mais trève de bavardage la situation s'est aggravée. Satanés cabots avec leur flair enquiquineur !

Nous nous sommes retrouvées bloquées et cernées par des tas de muscles peu accommodant et soyons francs moches et pas rassurants, sans ajouter l'agréable odeur de sueur. C'est à se demander qui est les plus baveux entre les chiens et leur maître. Pas besoin de réfléchir. Il a fallu agir de suite. Miette s'est mue. Etrange de voir son double. Mais sa transformation a créé la surprise. Parfait pour agir. Les grains de café encore dans ma main sont écrasés contre le mur, assez pour obtenir de la poudre. Un coup de genou bien placé puis un bon uppercut, quand le visage dégueulasse s'est placé à bonne hauteur, se sont enchaînés. La chance est toujours de notre côté. Je t'avoue, cher ami que je n'ai pas été certaine de réussir mon coup. Miette n'est pas du genre à combattre aussi directement que la précédente personnalité en moi. Pas le temps de réfléchir davantage. Je me suis transformer en Miette. Et hop j'ai soufflé sur la poudre sur les truffes et les yeux des chiens qui ont jappé et fuis. Parfait. Encore un coup chanceux.

Je me suis ensuite demandée comment Miette s'en est sorti. Mais je me suis apprêtée à la rejoindre au cas où en changeant d'apparence pour prendre celui d'un gros bras. Beurk. Une douche s'est imposée dans mon esprit.

Puis cher journal, je te garantis qu'à côté, les attaques verbales de mes camarades Noireaudes sont moins harassante que cette histoire de café.... »

» • J'vais t'réparer ton truc, mais tu me zègue pas ok?
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[Libre] Où vais-je ?

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