Mes pieds nus sur le sable étaient sur le point de fondre et pour le reste du corps, c'était déjà le cas. Bientôt je deviendrai rien qu'une flaque de sueur et on viendra me récupérer avec un seau. Ce n'était même pas mon idée de venir ici. Cela faisait déjà deux heures que je marchais parce qu'Avale-choses devait... Me montrer quelque chose ? En tous cas il m'avait conduite jusqu'ici et c'était peu dire que je le regrettais.

Je m'arrêtais un instant en m'asseyant dans le sable. Je fixai Avale-choses qui tournait en rond. Il ne semblait même pas touché par le soleil.. Je lâcha un soupir et me couchai. Je restai ainsi une bonne demi-heure avant qu'un bruit sourd parvint à mon oreille. Je me relevai, regardant autour de moi. J'aperçus le chat-bus qui arrivait. Avale-choses s'activa pour qu'il s'arrête, ce qu'il fit juste devant nous. C'était la première fois que j'entrais dedans. Auparavant, je n'avais même jamais mis un pied dans ce désert. J'hésitai un instant avant de me relever, retirer le sable de mes vêtements et enfin entrer. Je regardais autour de moi, il n'y avait qu'une seule personne installée -un peu étrange au passage- qui jouait du violon.

Je m'assis à côté d'elle -je supposai que c'était une fille- et la fixa, un peu sceptique par son masque, mais sans me mettre mal à l'aise. Je lui souris et lui demandai calmement, voire presque d'un ton accueillant, « Où est-ce que vous allez ? » Elle m'intriguait peut-être mais ce n'était pas mon genre de parler gaiement... Surtout que j'étais d'une humeur de chien, juste avant. Peut-être le chat qui m'apaise, après tout. Et puis histoire de pas se faire chier tout le chemin, fallait bien trouver un sujet de conversation. N'empêche, elle était vraiment bizarre.

Le doux pelage de ce chat me faisait un bien fou. Cela faisait plusieurs heures que je traînais dans ce désert à pieds nus, fondant comme du chocolat au soleil. Et maintenant j'avais faim en plus. Quelle idée de parler de chocolat. « Au souterrain, je pense. » Elle m'a fait peur en répondant à ma question. Pendant un moment j'avais presque oublier sa présence. Faut dire qu'elle passe vraiment inaperçue avec son look étrange et son masque douteux. « tu penses... » Si elle ne faisait que penser, elle allait louper son arrêt. M'enfin, on va rien dire. Je ne fis que sourire, un bien beau sourire mais un bien faux sourire. C'était par politesse ? Pas vraiment. Instinctif, plutôt.
« Et vous ? » Moi, où est-ce que j'allais, moi ? Je ne savais plus, je ne l'avais pas vraiment su auparavant, d'ailleurs.

« Euh... » Je réfléchis un instant. Est-ce que je devrais retourner au laboratoire ? Je pourrais passer voir les petits lapins kro mignon tout plein du parc enfantin et peut-être dormir là.. Quoique, après tout Uto n'était pas là. Je me demandais où est-ce que j'allais descendre de ce bus. Avant, je n'avais nulle part où dormir, je dormais là où je me trouvais quand le soleil se couchait, je n'avais pas de destination. Du coup, je ne sais plus trop comment réagir. « C'est une très bonne question. » Je lui souris en la regardant. « C'est que je n'ai pas grand chose à faire... On peut faire un bout de chemin ensemble et je repartirai le soir, si ça te convient ? » Qu'est-ce que j'étais occupée de faire, là ? J'avais pas envie d'être l'amie d'une folle dans son genre. Ceci-dit, si ça peut en rallier une de plus à notre cause... Pourquoi pas.

Mon regard fixe sur elle, sur son accoutrement et ses manières... Elle pourrait presque paraître jolie s'il n'y avait pas ce masque glauque. « Pourquoi pas ? » Était-ce de la joie qu'on pouvait entendre ? Dur de deviner quand on ne voit ni sourire ni regard. J'avais l'impression de parler à un objet, une poupée. Comme une intelligence artificielle qui répondrait sur des modèles de phrases. Je me contentai d'un minime sourire, pensive. Qu'est-ce qu'elle était, au juste ? Un robot ou une vraie personne ? Je regardai par la fenêtre contemplant le désert à présent derrière nous. Ce chat allait à une vitesse incomparable.

« Moi c'est Hemra. » « Je m'appelle Prudence. Et le violon... Vous l'emportez partout comme ça ou c'est pour une occasion particulière ? .. » Le violon m'intriguait, c'est vrai. Je fixai son étui, silencieuse. Il y avait une raison à ce qu'elle le prenne, je voulais savoir pourquoi.

[Bwarf après les posts trop longs c'est ennuyant maybon /ou en tous cas ça dépend lesquels. c:]

Je penchai la tête, essayant de désigner quel genre de créature elle pouvait être. Mais à part les manières étranges, elle avait malheureusement tout d'une humaine. « Dès que je voyage, je prend cet étui et je le garde sur mon dos. Comme cela, dès que je rejoins un endroit un peu peuplé je joue. J'essaie de recevoir des dons. C'est mon moyen de gagner ma vie. » Gagner sa vie, était-ce vraiment nécessaire ? Après tout, on peut aussi voler à manger, à boire et dormir dehors, pas besoin d'argent pour ça. Ou en tous cas, ça me convenait très bien, à moi... Mais tout le monde ne peut pas être aussi stupide que moi, je suppose.

« C'est en échange d'un peu de bonheur et de vie. Un peu de rêve aussi. » Elle était bizarre. Avait-elle vraiment des idées comme ça dans sa tête ou elle faisait semblant ? Grr, j'aimais pas du tout les choses niaises et rêveuse mais là j'étais tombée sur un beau paquet. « Mh... Je vois. » Je soupirai, la fixant ensuite. Je ne l'avais jamais vue avant, je me demandais si elle venait de se faire exilée.. « Et... Tu es nouvelle chez les exilés ? Ou alors n'avons-nous eu juste jamais le loisir de nous apercevoir ? »

[Disoulée du temps que j'ai mis, j'étais un peu accro à un certain jeu. é_é]

« Je suis là depuis peu de temps effectivement. Je viens de la Terre. » La terre, y'avait des tarées dans son genre, sur Terre ? Moi qui pensait qu'ils étaient plus civilisés que nous, je m'étais trompée, apparemment. Je lâchai juste un soupire, pour peut-être dire que j'avais rien à dire... De toutes façons c'est pas comme si elle m'avait laissée parler entre deux phrases. « Et toi ? Tu es exilée depuis longtemps ? » Je ne me souvenais même plus combien de temps ça faisait. Je m'étais enfuie avec l'aide de Médor, je me souviens. Au moment-même où mes pensées avaient commencé à dériver sur lui, il me manquait. Même si j'étais insupportable, détestable, je l'aimais bien, vraiment bien. Parfois c'était une couverture, un oreiller. Grâce à lui au moins, les rues de la cité n'avaient pas été trop dures à vivre. Parce qu'il était là. J'adorais Médor, mais maintenant, je ne pouvais même plus le voir. Si seulement j'avais pu. Peut-être qu'il serait ma seule raison de regretter mon exil.

J'en oubliais presque la demoiselle masquée à côté de moi. Je la fixai et débita quelques mots qui sonnaient comme s'ils n'avaient pas de sens dans ma tête. D'un coup, je commençais à avoir un coup de mou, parce que je me disais que c'était bien, quand j'étais sdf. « Ça doit faire deux ans, maintenant... » Je penchai la tête une fois à gauche, une fois à droite. J'étais devenue tout à coup pensive. « Je suppose que tu as été recueillie par un clan, non ? » Il n'était pas question de dire quoi que ce soit sur Isaac pour le moment, si elle était chez Sweety, j'étais mal.

[League of Legends... xD]

« Je suis chez Sweety. » Oh pitié non. Pas Sweety. Castiel à la limite mais pas Sweety. Je lâchai un bâillement lourd et creux, la fixant avec un sourire on ne peut plus sale d'hypocrisie. Je me surprenais à être bonne comédienne. Alors que d'habitude, je suis la première à me faire choper quand je mens.. « Et toi ? » Je me demandais ce que je devais faire. Dire la vérité et partir ou mentir et jouer la comédie jusqu'au bout ? La deuxième option m'avait l'air... Beaucoup plus amusante.

J'haussai les épaules. « Chez personne. » Je la fixai dans les yeux. « Ceci dit, si je venais à choisir l'un des trois... Sweety ne serait pas mon choix.. Elle a beau faire semblant de vouloir la paix... Je pense bien que ce qu'elle veut en réalité c'est juste arriver au bon moment pour détruire Isaac et Castiel. Mais soit. » Décidément, j'avais sorti des conneries aujourd'hui mais celle-là m'aura au moins fait sourire.

[Ouais bon flemme de changer de codage, je le ferai peut-être pour les prochains rps. Et désolée du temps que j'ai mis, j'avais oublié ce rp. x_x]

« Je ne sais pas. Je n'ai pas encore vraiment eu le temps d'y réfléchir. Mais disons que face à Castiel et Isaac, c'est elle qui me semble la plus pacifique, et comme je ne rêve pas de guerre... »

Que c'était beau de l'entendre hésiter, sauter à pieds joints dans mes jolies paroles. Que c'était mélodieux de l'entendre justifier sa présence. Je m'empêchai cependant un sourire. Pas question de briser cette confiance aveugle qu'elle m'offrait déjà. Quelle naïveté, pauvre enfant.

« De toute façon, on dirait bien que rien n'est ce qu'il semble être ici. »

Cette phrase, combien de fois me l'étais-je dite ? Combien de fois me la suis-je répétée ? Le monde entier est un mensonge, une utopie, un tissu de rêves et de croyances. Tout ça n'était rien d'autre que de bêtes contes enfantins, des querelles d'amours et de haines qui finissent mal. Un vilain cauchemar dont on ne peut pas se réveiller. Je lâchai un soupire instinctif et posa mon regard sur elle. Je ne la dévisageais plus, je la regardais comme je regardais n'importe qui.

« Je comprends ce point de vue.. » Mes pupilles se dirigèrent alors vers la fenêtre. « Je vais te l'avouer mais tu ne diras rien, c'est d'accord ? .. J'ai été chez Sweety. » J'aurais voulu rire, mais ça aurait tout gâché. « Je n'avais absolument rien fait.. Mais elle a tenté de me tuer et m'a jetée là où personne ne me retrouvera.. Aux souterrains. Crois-moi, cette fille n'est pas quelqu'un à qui on peut faire confiance. Du jour au lendemain, elle nous jette aux ordures car elle a peur qu'on la trahisse. » Oh toutes ces fausses accusations.. Que c'était beau. J'espérais seulement qu'elle n'avait pas un détecteur de mensonges comme Utopia, j'aurais été mal, sinon. « Je ne t'empêche pas de la rejoindre, non.. Mais je te conseille de faire attention. »

« Et bien... Je suppose que je ferais attention... Mais... »

Elle ne s'est même pas demandée comment j'ai pu faire pour sortir de ses souterrains après une tentative de meurtre. C'est que je devais être amochée, non ? Était-elle si facilement manipulable ? Je soupirai, posa mes coudes sur mes genoux et ma tête entre mes mains. Mon regard la fixait, sans arrêter de la définir dans tous les détails. On aurait dit une enfant. Bon, après tout, ce sera sûrement jamais pire que moi.

« Si elle était vraiment comme cela... Où aller ? Pour le moment, je crois que rester chez Sweety est la meilleure des choses à faire, Castiel et Isaac ne m'inspire absolument pas. J'aviserais en fonction des événements je suppose. »

Je me l'avouais à moi-même, dans un doux sourire. Castiel et Isaac n'étaient pas très bons à fréquenter. Et la première mesure que je m'étais imposée était la méfiance.. Alors quelle ironie que je les défende aux yeux d'une inconnue aux pieds de Sweety. Mais ce jeu m'amusait, pour une fois.

« C'est exact.. C'est pourquoi je ne suis encore nulle part. Peut-être vais-je me faire tuer par un des leurs, après tout. » Je lui souris et descendis du bus. « Je ne te retiendrai pas plus longtemps, Hemra. C'était un plaisir. Peut-être envoie-moi un courrier, si jamais tu as besoin de quelque chose ? » Je lui tendis un bout de papier avec, écrit dessus, l'emplacement de ma boîte en carton qui me servait de boîte aux lettres avant de m'éclipser. Hemra.. Quel nom hideux.