Merveilleuse journée. Merveilleuse contrée, douce solitude... Sweety est allongée sur une colline de fleurs, dans les sous-terrains. Ses yeux nébuleux fixe avec fascination le plafond troué comme une fresque abyssale. Les rayons du soleil caressent sa peau laiteuse et elle lève sa main pour recueillir quelques gouttes de lumière entre ses doigts.
Il est tard et un drôle d'air trotte dans sa tête, alors elle glisse le long de la pente pour se mettre en chemin. Elle le sent, le pouvoir de la terre chatouillant sa paume. Sur le chemin qui la mènera à son destin, elle s'amuse à faire des petit tourbillon de sable autour d'elle. Est-ce de la joie ? Est-ce de l'excitation ? Non, c'est l'instinct.

Sweety connaît cet endroit comme son ombre. Non, elle connaît même ces sous-terrains mieux que son ombre. Elle est tombé amoureuse d'un vent pur qui se filtre dans ses tunnels, du silence hormis le bruit de l'eau à cause des ruisseaux. Sweety sait qu'il n'y a personne généralement. Alors que faisait cet individu assis sur un banc à attendre. Enfin... si on peut appeler ça un banc. Ce n'est pas un exilé, on dirait plutôt un héros masqué. C'est un croisement épineux, un destin légendaire, si vous voyez ce que je veux dire. La jeune femme s'arrêta à quelques pas de lui, sans se retourner, prononça avec une autorité presque timide. « Qui es tu ? Je ne t'ai encore jamais vu par ici. » en fait, elle savait parfaitement qui c'était. Mais elle avait besoin de l'entendre de sa bouche, elle avait besoin d'avoir la confirmation que ce n'était pas un rêve.

Il est grand, il est impressionant. Ou peut-être c'est juste toi Sweety qui est petite. La jeune femme ne se retourne pas, elle l'écoute, d'une oreille attentive, d'une aura sensitive. C'est étrange, tout se bouscule dans sa tête, comme si on lui susurrait qu'elle change.
Cette voix suave et caverneuse qu'il arborait, démontrait d'une grande force de prédilection pour la justice. Mais la justice n'est qu'une idée, et les idées sont représentées par des mots. Des mots simples.

Sweety avait eu l'impression d'assister à un grand discours, les laius des professeurs qui nous expliquaient la théorie alors qu'on mourrait d'envie sur notre chaise de tester la pratique. Là c'était pareil, en entendant cela, Sweety rêvait de se battre, de faire bouger les choses, à ses côtés sûrement. Sûrement …
Elle avait passé sa vie à fuir à Isaac, à combattre Castiel, à chercher l’intégrité, la prospérité et la cohésion au sein des exilés. Elle était prête à jouer double jeu pour rétablir maintenant... un tant soi peu d'égalité.

Elle finit par se retourner pour croiser son regard, elle devait grandir, montrer qu'elle n'était plus une enfant, prouver sa maturité et surtout sa force de caractère. Car pour le moment, tout ceci n'était qu'un jeu. Elle n'était qu'un pion sur son échiquier. Un petit pion rebelle qui saute de case en case, évitant les obstacles... jusqu'au jour ou il se fera piégé dans un coin, car il se retrouvera seul. « La misère... cela en deviendrait presque un effet de mode. » elle s'avança, sans ciller. « Je te retourne la chose, j'ai entendu pas mal de chose sur... » elle tiqua pendant quelques secondes. « … un traître. » Elle finit par se mettre tout juste devant lui, le regardant de haut, vu qu'il était assis. « Je suis contente de voir que tu t'es déplacé juste pour moi. Je suis même flatté. Mais je suppose qu'on est pas là pour de simples règles de politesse. » Elle croisa les bras en souriant paisiblement. « Moi, je n'ai pas connu les royaumes, juste un laboratoire, la douce odeur de désinfectant, le bruit du scalpel tranchant la chair, le rire d'un fou, la folie en elle même, le supplice, la solitude, l'indifférence, la haine des royaumes. Je n'ai fait qu'observer, observer de mon perchoir. J'aide ceux qui n'ont plus la force de se battre, qui ne cherchent qu'à vivre tranquillement. C'est peut-être ça, la lâcheté... Mais c'est tout ce qui leur reste. »

Sweety le fixait. Elle ne faisait que ça, le regarder de ses prunelles vides. C'était si simple de blesser quelqu'un dans son orgueil au fond.

« C'est vrai qu'avec toi, le pouvoir des mots est bien plus fort que la douleur physique. » Ses pouvoirs et ses intentions. Elle ne connaissait pas vraiment autre chose de lui. Le ton froid qu'il abordait avec elle, et ses pics qu'il venait de lui lancer. Comme une vengeance verbale.

Sweety croisa les bras et eut un mouvement de recul en le voyant debout. C'est vrai qu'il était grand par rapport à elle. Et imposant. Et presque blessant. Il ne la laissait pas indifférente. Elle n'avait eu que ce qu'elle méritait après tout. Pauvre orgueil.

Elle regarda derrière lui, comme cherchant un horizon à ce tunnel. « Un traître pour eux. Pas pour moi. » elle releva le menton pour plonger son regard dans le sien. « Je crois qu'on a pas besoin de s'attarder sur le pourquoi du comment. Si tu me disais plutôt pourquoi tu es venu me voir ? »

Alors il était venu pour ça. Elle aurait du s'en douter. Le loup rapplique quand il est en danger. La jeune femme fronça les sourcils. Il était peut-être en danger … elle ne put expliquer pourquoi son cœur se serra à cette pensée. C'était vraiment inhabituelle comme réaction.
Il avait sournoisement répliqué et cela lui arracha un sourire. « En effet. » avait-elle répondu, comme pour montrer habilement sa défaite.

Sweety le contourna pour grimper sur le banc et alors le dévisager de sa hauteur. « Oh ? Et donc tu cherches une épaule sur qui te reposer ? » d'un sourire d'enfant, d'une innocente arrogance. « Sweety est là. » Enfin, elle allait peut-être se rendre utile. Enfin, elle allait peut-être servir enfin la justice.

Elle le savait, elle le sentait au plus profond de ses tripes. Il était l'avènement d'une nouvelle ère. Si seulement...

Les démons n'ont jamais crée des anges. Elle avait oublié cette ironie. Elle a été façonnée à son image. Oh Isaac... regarde ou es ta poupée, regarde ce qu'elle est devenue. Grande et fière, comme une guerrière.

Les yeux de la jeune femme s'assombrirent. Ou était passé l'innocente Sweety ? La douce, la sereine, qui ne cherchait que le bonheur de ses confrères ? Ou est passé l'adorable enfant, qui défend les opprimés, faisant danser le sable vers leurs destinées ? Non, à ce moment là, il n'y avait plus que lui, plus que cette main tendue vers elle.

« Oui. » Elle passait ses nuits à courir après ses rêves. Erwin lui promettait qu'il avait la clé de ses désirs. Sweety plissa les yeux et fit semblant d'y croire, car elle avait besoin de croire en quelque chose, elle avait besoin de s'accrocher à quelqu'un, elle avait besoin de se sentir utile.
De se sentir vivante à nouveau.

C'était peut-être par orgueil, pour faire partie de cette nouvelle histoire qui allait débuter qu'elle accepta, mais qu'importe qu'il sache les raisons. Elle serra sa main d'un regard aussi inhumain que lui. « On sera là. »

Elle descendit du banc et se retourna vers lui en croisant les bras. « Mais il y en aura certains que je ne te prêterai pas, car ils sont trop fragiles pour se battre et surtout, ils ne demandent que la tranquillité. Mais j'ai des espions un peu partout, y compris une amie dans le clan de Castiel qui pourra nous aider. De plus.. » elle baissa les yeux en marquant une courte pause. « Je ne l'ai dit à personne mais j'ai reçu mon second pouvoir dernièrement. »

Sweety écoutait d'une oreille attentive, comme une enfant écoutant son héros, comme une gamine suivant les conseils avisés d'un père, comme si tout ses rêves allaient se réaliser.
Mais elle n'était pas totalement naïve non plus.
Certes, elle rejoindrait son camp, tout en préservant le sien, et sa place au sein des exilés.
Elle devait apprendre à ne plus s'abandonner totalement à quelqu'un, en oubliant ses convictions et ses engagements passés.

La jeune femme sourit. « Cette paix qu'on attend tous. Mais... tu comptes vraiment te débarrasser de tous les dirigeants ? » elle marqua une courte pause, pensant à ce cher Black, ce cher Black qui la troublait énormément. « Ce n'est pas juste la famille Trafalgar qu'il faudrait annihiler ? » Elle essayait, inconsciemment d'innocenter un des trois.

« Quand à Akane, tu l'as jugé mauvaise durant ton petit séjour en tant que conseiller ? » chercher des réponses en fouinant là ou ça fait mal.

Sweety doute, Sweety est faible.
Mais Sweety est fidèle... et elle ne sait pas comment trahir Black. Même s'il ne s'est strictement rien passé entre eux, même si ce n'est qu'un léger flirt, cela reste que le président des landes de calcifer ne s'est montré en aucun cas mauvais, ou déplacé envers elle.
Et pourquoi vouloir lui faire du mal en retour ?

« Je vois, si tel est ton objectif. »

Elle resterait impartiale, du moins le temps que les choses avancent. Et quand elle se retrouvera à nouveau devant Black, elle aviserait. Du moins, Erwin ne devait pas s'en douter. Et elle n'allait surement pas lui faire partager.
Puis il se tourna, drôle de réaction de sa part.
Erreur fatale surtout.

Sweety esquissa un pauvre sourire et se mordit la joue pour demeurer impassible. « Je vois que tu ne reviens sur aucune de tes convictions. Mais ne serais tu pas trop aveuglé par cette haine que tu refoules depuis des années ? » elle serra les poings, s'ordonnant de se taire avec ses analyses psys à deux balles et lui tourna elle aussi le dos, pour regarder droit devant elle. « et que se passera t-il quand les 3 gouvernements seront renversés ? »

Sweety le regarde d'un air pur et fier. Elle se rapprochait doucement de la vérité, et elle se rapprochait aussi lentement d'Erwin. Il fallait qu'elle sache, il fallait qu'elle contrôle. Il ne fallait pas qu'elle sombre à nouveau sous les pluies de sa folie.

Ainsi elle comprit qu'elle lui faisait du tort, dans son sarcasme et ses questions. Et qu'ainsi elle avait plus l'impression d'enfin avoir des réponses, même déduites de sa gestuelle.
Mais quand il répliqua, elle se sentit juste désarmée et bafouilla simplement un « Euh.. »
Comment diable était-il au courant du fait qu'elle avait rencontré Black et même sympathisé ?

Alors la poupée eut un mouvement de recul, sur la défensive à son tour, n'aimant pas être espionné dans ses affaires. « Je ne sais pas ce que tu crois savoir mais.. »
Il se retourna soudainement.

Sweety commença à se sentir étrangement compatissante, d'une docilité extrêmement rare de sa part. Et sans qu'elle ne puisse vouloir le contraire, elle tomba dans son filet. Ses prunelles alors vides d'expression, elle lui offrit le plus beau de ses sourires. Oui, le plus beau. Le plus faussement mérité. « Je te suivrai sans te trahir. »