Cette ville, autre fois, elle vivait. Maintenant, les blessés gisent un peu partout dans les rues. Mais mon but, ce ne sont pas ces blessés de pacotille, c'est mon unique amour de toujours. C'est un sentiment égoïste qui m'habite, un sentiment qui me pousse à ignorer leurs supplications à la faveur d'une seule et unique voix qui était pourtant silencieuse. Trop silencieuse.
Arrivée devant la boutique d'arme dévalisée, quelque chose me dit que je n'entendrais plus jamais cette voix... Ou plutôt, cette écriture. La boutique avait été vandalisée. Les armes volées, et les derniers signes de Stanley avaient disparut. Seul un corps froid qui appartient à Stanislav git au milieu des débris. Elle est morte. Morte. Morte. Morte. Assassinée par sa propre arme, mais dans les mains d'un inconnu.
La mort. Un mot si doux et pourtant si froid. Mon corps ne s'est pas écoulé devant le spectacle désastreux, mais il a encore une fois pris la fuite. Lâche. De toute façon, je le sais, je ne suis qu'une lâche.
Les exilés qui habitent maintenant la ville ne font pas attention à moi, ils me connaissent et ma course effrénée contre moi même leur est indifférente. Mais les blessés, eux, créent un brouhaha qui emplit mon être d'encore plus de tristesse. Mon corps est engourdi, je trébuche et embrasse la terre autre fois sous mes pieds sans comprendre ce qu'il se passe.
Ils se rassemblent autours de moi. Je veux qu'ils disparaissent. J'ai trop peu de forces pour tous les tromper dans mes illusions. Ils me supplient de les aider. Mais je ne peux rien pour eux. Doucement, je me recroqueville.
Jamais je n'ai été aussi faible. Jamais je n'ai été aussi sans défense. Si un bleu se rend compte que je suis l'une d'entre les exilés, c'en est finit avec moi. Mes larmes stagnent dans ma gorge et refusent de couler le long de mes tâches de rousseur.
J'ai perdu la seule personne qui faisait encore attention à mon être et qui comptait encore dans la stupide équation qu'est ma vie. Trop de gens à venger, et si moi aussi, je m'abandonnais à la mort ?
Je me hais. Je hais le monde. Je hais ce qu'il m'inflige. Et je hais cette troupe de gens autours de moi tout autant que le pseudo gouvernement dans lequel je vis.