C'est une journée de toujours. Tu es en pleine lecture, tu feuillettes l'un de tes premiers journaux pendant que la brise s'amuse à faire légèrement virevolter ta coiffure. Tu sembles concentrée, tes yeux ne quittent pas ces pages qui te décrivent, qui te disent comment agir au quotidien. Tu en as bien d'autres, beaucoup plus détaillés mais l'une de tes anciennes toi t'a conseillé de ne lire que celui là pour ne pas perdre ton temps précieux. Car oui, tu te promènes toujours avec ce petit guide, qui te mène vers des chemins que tu as connu mais que tu as oublié. Dans ta sacoche qui ne te quitte jamais, tu as d'autres ouvrages écrits de ta main tremblante qui sont des index des personnes que tu as rencontrés, de tes réactions ponctuelles. Tes mains se crispent, tu es lasse de devoir lire ça tous les jours bien que ta mémoire défaillante te permette d'omettre que tu fais cela tous les jours.
Aujourd'hui, tu déambules tranquillement dans la vallée du vent, discrètement. Attirant quelques regards curieux. Tu passes rarement ici, préférant rester dans la terre des exilés. Tu arrives sur ce qui semble être des champs d'après l'un de tes dictionnaires illustrés fait main. Tu regardes les alentours refermant ton journal. Tu as besoin de te remettre de tes émotions. C'est toujours ardu de découvrir qui tu es par une personne que tu ne connais pas, dont tu ne te souviens pas et surtout quand il s'agit de toi-même. Alors tu écris tout le temps encore et encore, oubliant parfois de vivre pour suivre le fil de ta vie. Malgré cela, tu es toujours perdue. Tes mots, mue en petit Poucet, tu les reconnais de moins en moins. Tu saurais dire si ce qui tu lis est vrai. Tu as peur de dormir car tu ne peux pas écrire alors tu oublies. C'est dur mais tu t'habitues à vivre avec, bien que les larmes, la douleur, la colère surgissent par moment.
Tu continues de contempler ces vastes champs sans rien dire et tu décides d'en traverser un et de t'installer sur une botte de foin en faisant attention de ne rien abîmer sous les conseils de ton toi passé. Tu respires et tu sors ton journal personnel le plus récent et tu sors un crayon pour délier tes mains et laisser un flot de graphite tracer ton histoire du jour.
[i]« Bonjour ma mémoire,
Aujourd'hui, j'ai décidé de partir loin. Cela a été long et parfois laborieux mais j'ai rencontré des personnes très polies et chaleureusement qui ont bien voulu me guider. J'ai eu aussi de la chance de ne pas avoir rencontrés de malhonnêtes gens sur le chemin. Pourquoi ce voyage ? J'ai parcouru des distances pour rejoindre une région que l'une des Urds anciennes semble avoir ouï dire et donc a désiré les contempler, la vallée du vent. J'exauce son souhait sans savoir si elle sera satisfaite. J'admire la splendeur du paysage sans rien faire d'autres et comprend pourquoi mon ancienne moi désirait venir en ces lieux.
Certains hommes, euh, ah paysans, travaillent la Terre. La plupart travaille en groupe, d'autres en solitaire sous les rayons du soleil qui illuminent leur front trempé par leur travail acharné. Oh, il y a aussi des femmes et des enfants par ci par là. Je les observe, j'en salue quelques uns qui m'adressent un sourire, d'autres me regardent étrangement. J'espère que m'installer ici n'apportera pas de problème. Personne ne me parle vraiment mais je réponds à leur question, quelques regards changent quand je leur dis que je suis de la Terre de Noireaudes mais l'accueil reste paisible. Tant que je n'enquiquine pas et n'accapare pas leur temps d'après eux. J'en apprends même un nouveau dialectes. Faudrait que je l'écrive, c'est comme qui dirais-je cocasse et amusant ?
Je m'arrête là pour le moment ma chère compagne, j'ai envie de m'interroger, de questionner ces gens et qui sait peut-être que je pourrais les aider malgré mon ignorance dans le domaine de … ah l'agriculture.
Sur ce. »