Nice shot, Cupcake !

On m'a dit de faire mini.

D'habitude, lorsque tu dois rencontrer quelqu'un, tu ne paniques pas autant. Tu prévois ce qui va se passer, ce que tu comptes lui dire. Calmement, tu t'attends à toutes les solutions possibles, les manières de t'enfuir, de couper court à la conversation. Cette fois, c'est différent. Tu stresses, tu paniques, bien trop. Bien trop pour ce que c'est, en tout cas. Tu sais qu'elle va arriver d'une heure à l'autre, et que tout doit être parfait. Bien habillé, ton coin est nettoyé comme il ne l'avait jamais été. Te voila seul, Lady étant partie sur ta demande, prêt à accueillir le rendez-vous le plus important et le plus crucial de ta vie.

Ah, Erwin. Si tu pouvais ne pas rater celui la. Après tout, n'est-ce pas le salut que le ciel t'apporte ?

NICE SHOT, CUPCAKE ?

Le voyage avait été long, mais enfin tu arrivais à destination, dans ces terres interdites des exilés, des Noiraudes. Tu descends du Chat-Bus, tu poses pied sur le sable chaud, et de nouveau tu as l'impression d'avoir dix-sept ans. Tu te rappelles de ce fameux jour de grâce, où ta soeur, gouvernante de l'époque, a recueilli Erwin à la vallée du vent. Aujourd'hui, tu n'es plus qu'une citoyenne comme une autre, sans pouvoir. Et tu as l'impression parfois de n'avoir servi à rien, de n'être qu'un pantin entre les mains des ambitieux. Entre les mains d'Erwin. Tu te sens bête, manipulée, et pourtant, tu sais qu'il n'a jamais usé de son pouvoir sur toi. Tu n'es peut-être donc que l'incarnation de la naïveté, un être stupide en somme. Et tu détestes ça, tu détestes ça, tu détestes ça.
Tu arrives dans la demeure d'Erwin, le coeur lourd et un nuage de pensées négatives enveloppant ton esprit. Tu entres sans prévenir, toi et ta valise, et tu constates l'état des lieux... un peu trop impeccable. « Depuis quand mes visites te mettent dans un état pareil ? » Tu souris en te moquant de ton ex-conseiller.

BY KERRIA ♥ OF GANGNAM STYLE

Nice shot, Cupcake !

On m'a dit de faire mini.

Elle est arrivée. Tu vérifies encore que tout soit prêt, que tout soit parfait. Tu sais que tout ça, c'est dans ta tête, mais tu n'y peut rien. C'est plus fort que toi. Et dieu sait que tu n'aimes pas quand quelque chose est plus fort que toi. D'un geste élégant, tu fais une révérence. Tu ne devrais pas -vous n'êtes plus collègues-, mais les habitudes sont tellement imprimées en toi que tu ne peux t'en empêcher. Un baise-main, ensuite, comme tu l'as toujours fait, et tu récupères avec galanterie sa valise pour la placer un peu plus loin.

Depuis toujours, très chère. Je pensais que tu le savais.

Et puis tu lui fais signe d'avancer vers la suite de la pièce, vers le canapé. Sûrement moins confortable que celui du manoir, il va s'en dire.

NICE SHOT, CUPCAKE ?

Tout est bien plus sobre voire austère dans cet habitat. Ton regard se dépose ici et là, évitant dans un premier temps la confrontation directe avec Erwin. Tu rentres non pas avec timidité, mais avec appréhension. C'est une journée où tout te renvoie au passé. Tu te revois, toi et Erwin faisant connaissance. Tu repenses à ta vie avant Skies Kingdom. Les déménagements incessants, les appartements où tu vivais à trois dans une même pièce avec ton père et ta sœur. Quelle vie aurais-tu préféré vivre, celle sur terre, ou celle sur Skies Kingdom ?
Le contact physique avec ton camarade te gêne, non pas que tu n'y es pas habituée, mais plutôt que tu as encore en tête les derniers événements qui vous ont séparés. Tu aimerais le rejeter, sèchement, pour lui faire comprendre que tu n'es pas encore prête pour ça. Mais tu te souviens aussi de cette journée dans les mines, cette même scène, lorsque tu as sèchement lâché sa main. En y repensant, c'est à ce moment là que votre relation s'est fragilisée. Alors tu te retiens, et te contentes juste d'éviter son regard. « Si je te connaissais aussi bien que je le pensais, j'aurais su qui était l'auteur de la bombe avant que les journaux locaux me l'apprennent. » Non, tu ne voulais pas t'engager dans ces conversations tout de suite, mais ta franchise habituelle avait parlé...

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Nice shot, Cupcake !

On m'a dit de faire mini.

Elle attaque de suite le sujet. Tu t'y attendais, sa visite n'est pas un rendez vous galant. Il va falloir que tu répondes de tes actes devant un tribunal plus rude même que la Reine Batilda, celui de l'amour que tu éprouves pour la belle Akane. Le silence est d'or, d'habitude, mais aujourd'hui, il est plutôt de plomb. Tu réfléchis, tu penses. Tu hésites. Et puis tu prends la parole, enfin.

Tu comprends pourquoi je n'appréciais pas que tu envoies ton espionne chez moi. Je voulais t'en parler. Avant. Mais je sais que tu n'aurais pas accepté. Je voulais montrer à Yubaba qu'elle n'était pas la seule a avoir quelque chose. Et qu'elle devait arrêter d'écraser les petits pour son plaisir personnel.

Et tu reposes ton regard un peu plus loin. Des regrets, tu en as, oui. De ne pas avoir atteint ta cible, d'avoir touché des innocents, d'avoir menti à Akane. Mais en aucun cas tu ne regrettes ton acte. Il était nécessaire, et l'envie meurtrière de la folle Yubaba l'a prouvé encore une fois.

NICE SHOT, CUPCAKE ?

Tu n'attends même pas sa réponse que tu soupires déjà. Et tu ne soupires pas parce que tu lui en veux, tu soupires parce que tu t'en veux, toi et ta cervelle pas fichue de sortir les bons mots. « Est-ce que tu vas bien ? » « Tu ne souffres plus trop ? » « C'est pas trop dur de retourner vivre dans la terre des noiraudes ? » - Il y a tant de questions que tu aimerais lui poser, car la vérité est là : tu ne l'avoueras jamais, mais tu t'es sincèrement inquiétée pour lui.
Pourtant, cela ne faisait même pas cinq minutes que tu étais arrivée, et tu t'engageais déjà dans cette voie de la discorde.

Tu aimerais t'enterrer.

Tu écoutes, silencieuse, le discours d'Erwin qui tente de se justifier comme il peut, tandis que tu soupires de nouveau tout en t'installant dans le canapé. Tu enfouis ton visage dans tes mains, tu ne sais pas quoi faire, tu as pris la mauvaise direction et il est trop tard pour changer de sujet maintenant.
Ta vie n'est qu'erreurs.
Mais puisqu'il en est ainsi, autant poursuivre la conversation.
« Je n'ai jamais envoyé mon espionne chez toi, elle agissait d'elle-même. Mais j'ai été bête et aveugle, j'aurais du l'écouter plus tôt, on aurait pu éviter tes crimes... » Ta voix est à son habituel lente, froide, sans émotion. Tu fixes le sol car tu as trop peur de regarder Erwin dans les yeux. « Diane a disparu... Etait-ce également un obstacle à éliminer ? » Tu sais bien qu'il n'y est pour rien et pourtant tu ne peux t'empêcher de poser la question. Tais toi Akane, tais toi donc. « La seule à avoir quelque chose ? Ecraser les petits ? Es-tu donc en train de me dire que les riches croulent sous l'or et vivent rois, mais que nous, pauvres habitants de la vallée, nous sommes condamnés à envier leurs vies et à poser des bombes pour crier au monde entier qu'on existe aussi ? » Tu trembles un peu, tu serres tes poings, tu as du mal à maintenir ton calme. Tu lui en veux tellement, tellement. Malgré tout, la vérité qui ne sort pas de ta bouche, c'est que tous ces incidents t'ont ouvert les yeux. Sur le visage réel de la reine Batilda, que tu pensais inoffensive. Sur ta façon de gérer les affaires de la vallée, bien trop passive. Sur tes propres défauts que tu ne peux admettre par fierté. Et c'est aujourd'hui ou jamais, tu dois lui dire ce que tu as sur le cœur. Que tu aurais aimé être plus égoïste afin de pouvoir rendre à la vallée son heure de gloire. Que tu aurais aimé avoir autant de cran qu'il en a, tu aurais aimé savoir prendre de vraies décisions. Qu'au fond, tu saluais le courage et l'initiative de son geste. Que tu comprenais que les morts n'étaient pas préméditées.
Tu aimerais lui dire tout ça. Et tu n'y arrives pas.

BY KERRIA ♥ OF GANGNAM STYLE

Nice shot, Cupcake !

On m'a dit de faire mini.

Ce n'est pas le moment de paniquer. Alors tu t'installes auprès d'elle, et tu respires un grand coup lorsqu'elle enchaîne les questions. La disparition de Diane? Voyons, tu n'es pas responsable de tout les maux du monde, non plus. Tout ce qu'elle dit plus tard s'imbriquent dans ta tête. Rien n'est calculé, et la voir dans cet état te brise le cœur. Plus que d'avoir su qu'elle t'en voulait. Tu le sais, que chacune de tes actions auraient pu être évitée, qu'il existait une alternative pacifique. Tu le sais , et pourtant, l'Erwin du désert, au fond de toi, il insiste. Il sait que les solutions pacifiques n'étaient pas les bonnes. Qu'il fallait la guerre pour avoir la paix.

"Je n'ai rien à voir avec la disparition de Diane. Une simple utilisation de mon don m'aurait permis de ne plus l'avoir dans les pattes. Quand à ma...notre cause, oui. Je souffre chaque jour un peu plus en pensant qu'il a fallu que je donne ma vie pour que la Reine soit inquiétée. Je suis partagé entre la fierté de voir la vérité éclater et la tristesse d'avoir du faire des victimes innocentes pour cela. Entre la joie de voir les gens ouvrir les yeux et la déception d'avoir perdu du temps que j'aurais pu passer avec toi. Je n'imaginais pas le futur comme ça. Pourquoi fallait il que je me mette en tête de vouloir mettre tout le monde sur un pied d'égalité? J'aurais dû vivre une vie normale, te demander ta main, m'installer avec toi dans une petite maison de la vallée, au lieu de vouloir tout changer. Mais malheureusement, je pense qu'il était de mon devoir de m'occuper de ça. Il fallait que quelqu'un change notre monde.

Et si je dois être vu comme l'ennemi public numéro un pour que chaque habitant vivant ici puisse se dire qu'il a autant de chances que les autres de faire ce qui lui plaît dans la vie, alors mon existence n'aura pas été vaine."

Tu as parlé, beaucoup. Tout est sorti, comme ça, sans vraiment y réfléchir. Et tu y crois, à tout ce que tu dis. N'en plaise aux détracteurs, tu as toujours œuvré pour l'égalité dans les royaumes. Et maintenant que tu te dois de prendre une petite pause -ta santé et tes relations sociales ne suivraient pas sinon- , il est temps pour toi de te tourner un peu plus vers l'individuel que vers le collectif. Tu viens poser une main, se voulant réconfortante, sur celles d'Akane.

"Je t'admire vraiment, d'avoir été celle qui voulait changer les choses plus passivement."